C'est en 2006, alors qu'il se bat pour son premier titre mondial en 250cc, que Jorge Lorenzo signe avec Yamaha, mais dans l'optique de débuter en MotoGP en 2008. "On voulait être sûr que j'aurais intégré le MotoGP avec une usine, un constructeur important comme l'est Yamaha", raconte-t-il dans sa chronique. "On a décidé de rester un an de plus en 250cc, pour que j'essaye d'être double Champion du monde et que je sois un peu mieux préparé, physiquement et mentalement."
En 2007, Jorge Lorenzo réalise un premier test de sa future MotoGP, dans la discrétion d'Almeria, puis ouvertement à Valence, lors des traditionnels premiers essais de l'intersaison. "Il m'a fallu peut-être une demi-journée ou une journée pour m'habituer à la vitesse, à la puissance et à l'accélération, au freinage aussi", raconte-t-il. "La moto était très lourde, beaucoup plus que la 250cc, et il m'a fallu plus de temps pour m'y habituer que quand je suis passé des 125cc aux 250cc."
Dès son premier Grand Prix, Lorenzo montre qu'il va falloir compter sur lui. "Quand j'ai débuté en 2008, le succès est peut-être arrivé trop vite", suggère-t-il aujourd'hui. "J'ai été très surpris, on a tous été très surpris d'aller au Qatar pour la première course, de signer la pole position et de terminer deuxième."
En pole sur les trois premières manches de la saison et auteur de deux podiums, Lorenzo ouvre son compteur de victoires sur la troisième course, au Portugal. "C'était trop facile. On s'est dit : 'Ok, je suis trop bon', ou bien que les autres n'étaient pas si rapides ou si bons. Mais, finalement, à la quatrième course, j'ai été stoppé net", se rappelle-t-il, blessé dans un violent accident en Chine.
En 2009, Jorge Lorenzo se blesse encore, comme ici à Laguna Seca, néanmoins il voit sa courbe de résultats s'améliorer et se stabiliser, alors qu'il dispose désormais des mêmes pneus que son coéquipier et que la Yamaha affiche son excellence. S'il manque parfois le podium, presque toujours à cause d'une chute, il double son quota d'entrées dans le trio de tête.
La saison suivante lui rapporte son premier sacre en catégorie reine, au terme d'un championnat qu'il écrase avec un total étourdissant de 383 points. "Mon premier titre est mon préféré", assure Jorge Lorenzo. "Dans la vie, la première fois que vous faites quelque chose, c'est toujours la plus émouvante, la plus importante."
Les deux saisons suivantes, alors que Valentino Rossi est parti tenter sa chance chez Ducati, le Majorquin s'impose véritablement comme le leader du clan Yamaha et se maintient au premier plan. Battu par Casey Stoner au championnat 2011, il est à nouveau sacré l'année suivante au guidon d'une machine qu'il juge supérieure à ses rivales.
En 2013, alors qu'il se confronte à un nouvel adversaire de taille, Lorenzo se blesse plusieurs fois à l'entame de l'été. Il perd un Grand Prix et de précieux points. "C'est une année où j'avais plus d'expérience que Marc Márquez. Je suis tombé beaucoup moins que Marc, peut-être trois fois et lui 15. Mais j'ai joué de malchance, parce que je me suis lourdement blessé deux fois sur ces trois chutes", se souvient Lorenzo. "Sans ces blessures et un score vierge sur beaucoup de courses, on aurait remporté le titre parce que j'étais le pilote le plus complet sur la grille cette année-là."
Alors que Valentino Rossi reprend peu à peu ses marques avec Yamaha, l'Espagnol est devancé par son coéquipier au championnat. Longtemps enlisé dans une spirale négative, il lui faut dépasser ses peurs et retrouver toute sa forme après les blessures de la saison précédente. Il doit attendre la dernière partie de la saison pour retrouver le chemin de la victoire et s'imposer en Aragón (sous la pluie) puis à Motegi.
"2015 a été l'année la plus complète pour moi. Alors que tes conditions physiques ne s'affaissent pas, tu apprends tout le temps quelque chose et chaque année tu t'améliores", explique le pilote espagnol, titré pour la troisième fois. "Le dernier [titre] est celui que j'ai le plus apprécié, il a plus de saveur [que les autres]. J'ai toujours été derrière au championnat, jouant toujours de malchance, je me suis battu contre des mauvais résultats et je suis revenu, puis j'ai perdu à nouveau. J'ai repris beaucoup de points à Valentino Rossi, puis je les ai à nouveau perdus."
C'est à Valence, lors de la dernière course, qu'il décroche le titre. "J'avais beaucoup de pression. Je savais que je devais gagner la course pour remporter le titre", se rappelle-t-il. "Le samedi, je me souviens que je me suis dit : 'Ok, maintenant tu as 28 ans, tu es plus expérimenté que jamais, plus rapide que jamais, maintenant c'est ton heure. Tu dois faire le tour parfait'. Et je l'ai fait", souligne-t-il, très fier de cette pole position. "J'ai produit la meilleure performance de ma vie. J'étais très fier, de ce tour de qualifications plus que de la course."
"Ce n'est que dans la dernière course, au dernier moment, dans le dernier virage du dernier tour, et sans avoir jamais été en tête du championnat, que j'ai gagné. Quand quelque chose est très dur à obtenir, et que vous l'obtenez enfin, cela a plus de saveur", relate le triple Champion du monde MotoGP.
La saison 2016 est d'emblée marquée par un marché des transferts houleux, qui bouge les lignes dès le début du championnat. Lorenzo remporte le premier Grand Prix, à Losail, en battant le record de la piste. Il monte encore quatre fois sur le podium, avec deux autres victoires à la clé, sur les cinq courses suivantes, avant de voir sa courbe de résultats s'effondrer dès Barcelone, début juin. Il n'a plus gagné depuis, mais peut se targuer d'avoir battu les records de la pole au Mans, à Misano et, hier, à Valence. Pour ses adieux, il partira en pole, comme en 2008 pour son premier Grand Prix…
"J’ai piloté pour Yamaha pendant neuf saisons mais dimanche sera la dernière journée lors de laquelle je monterai sur la M1. Ce sera vraiment une sensation étrange. J’ai passé un tiers de ma vie ici !" écrivait le pilote espagnol cette semaine,
dans une lettre adressée à Yamaha.
"Nous avons connu plus de 150 courses, obtenu 43 victoires et remporté trois championnats du monde. Nous avons souvent chuté, mais sommes toujours remontés ensemble et avons connu des moments incroyables ! Ces neuf années chez Yamaha feront toujours partie de moi. Uniques, inoubliables."
Top Comments