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Interview

Maverick Viñales apaisé, mais toujours affamé de victoire

Près de deux ans après son arrivée chez Aprilia, Maverick Viñales apparaît changé, plus serein que jamais. Pour Motorsport.com, il se livre et revient sur le long parcours qui l'a mené à cet équilibre, prêt désormais à retrouver le chemin de la victoire.

Maverick Vinales, Aprilia Racing Team

Photo de: Gold and Goose / Motorsport Images

Quand on le rencontre dans le paddock du Mans, c'est un Maverick Viñales souriant qui se présente à nous. À son habitude, il est attentif, prévenant, et se lance volontiers dans la discussion. Mais ce qui bout en lui, c'est la soif de victoire.

On ne peut pas dire qu'il le masque très bien, d'ailleurs il n'essaye même pas. "J'ai du mal à cacher mes émotions. On peut voir sur mon visage si je suis en colère ou heureux", nous admet-il. "Je ne peux pas être faux, je ne sais pas comment faire. Parfois, j'aimerais bien m'entraîner [à l'être] parce que la plupart du temps, je suis en colère alors que je voudrais ne pas le montrer, mais c'est très difficile. Même si je ne pense pas que ce soit bien d'être faux, parfois ça aide. Je pense que beaucoup de pilotes ne montrent pas ce qu'ils pensent véritablement."

"Cette année, j'ai appris à respirer, à être calme, et ça aide", ajoute Maverick Viñales, de toute évidence bien plus apaisé qu'il a pu l'être à certains moments de sa carrière. Il est épanoui chez Aprilia, qu'il a rejoint il y a deux ans après un divorce brutal avec Yamaha en cours de saison. Dans un environnement serein, et accompagné désormais par le chef mécanicien qu'il voulait à ses côtés, il a peu à peu repris confiance.

"Ce que j'aime vraiment chez Aprilia, c'est que je crois en eux et je les adore à 100%, alors je sais qu'on fait de notre mieux chaque fois qu'on est en piste. On ne laisse rien de côté, je n'ai donc pas ce genre de frustration. Je finis toujours la séance avec de bonnes sensations, avec le sentiment qu'on fait de notre mieux."

En toutes circonstances, Viñales veut tirer le maximum. Il le sait, le championnat est si serré qu'il ne laisse aucune place à l'approximation. Ce qui a dû être intensifié pour répondre à cette hausse générale du niveau, c'est "à la fois" la concentration mentale et l'entraînement physique. Les écarts étant tellement faibles, "une petite différence peut avoir un gros impact" et c'est dès la préparation et dans son hygiène de vie quotidienne qu'il tente de mettre toutes les chances de son côté.

La moto dans le sang depuis toujours

C'est à Roses que ça se passe, jolie petite ville de la Costa Brava. Il y est retourné vivre en 2020, poussé par la naissance de sa fille et un besoin de se rapprocher de ses racines. Aujourd'hui, cette vie fait partie de son équilibre. "J'ai gardé les amis de mon village, ceux que j'avais à 3-4 ans. J'ai toujours les mêmes amis et on se voit une fois par semaine", raconte-t-il.

Issue d'une famille de pêcheurs, il a pris le virus de la moto plutôt que celui de la mer. "Mon grand-père était tout le temps dans les motos. Mon père, mes oncles, ma tante, mes cousins… Tout le monde. On a eu ça dans le sang !" se souvient-il. "On faisait ça tout le temps. Les week-ends quand il n'y avait pas école, on prenait le van et on allait sur une piste de motocross, on y passait le week-end. On faisait des barbecues et on roulait à moto jusqu'à ce qu'il n'y ait plus d'essence. C'était de la joie pure."

Maverick Vinales, Aprilia Racing Team

Maverick Viñales est monté sur le podium cette saison au Grand Prix du Portugal.

"On n'était pas vraiment très riches, mais on arrivait quand même à bien vivre", explique-t-il, même si l'argent a pu manquer lorsque la course a pris une place importante. Il a néanmoins réussi à se lancer et il a rapidement gravi les échelons dans la compétition. Courses régionales, mais aussi allemandes, et enfin le championnat d'Espagne où il a expérimenté une carrière de plus en plus professionnelle.

Titré en CEV en 2010, il a fait son entrée dans les Grands Prix l'année suivante, à 16 ans. D'emblée victorieux en 125cc, il a remporté le titre Moto3 au bout de trois ans et a poursuivi son ascension à un rythme effréné, ne s'accordant qu'une saison en Moto2.

Si c'était à refaire, il ferait probablement un choix différent aujourd'hui : "Je pense que j'ai été assez rapide pour arriver en MotoGP − trop rapide, à mon avis. C'est facile à dire aujourd'hui, mais j'aurais dû rester une année de plus en Moto2, essayer de gagner en Moto2, comprendre un peu mieux les choses et arriver en MotoGP plus âgé, plus mûr."

J'aurais dû rester une année de plus en Moto2, essayer de gagner en Moto2 et arriver en MotoGP plus âgé, plus mûr.

Maverick Viñales

Le ticket pour la catégorie reine est venu de Suzuki, qu'il a rejoint en 2015, alors qu'il avait à peine 20 ans. "Évidemment, je leur serai toujours très reconnaissant parce qu'ils m'ont donné cette opportunité, mais ça n'aurait pas été pareil d'arriver avec Repsol Honda ou Yamaha", pointe-t-il.

"Je pense qu'en 2015, qui était ma première année, [si j'avais été] avec Yamaha ou Honda, j'aurais pu gagner des courses ou me battre pour le championnat. Je suis arrivé avec une moto qui n'était pas prête à figurer ne serait-ce que dans le top 10", poursuit-il, heureux néanmoins d'avoir mené la GSX-RR à sa première victoire en 2016.

"Dans ma carrière, il y a des choses qui auraient pu être mieux, mais c'est comme ça", souligne Maverick Viñales, qui assure ne pas nourrir de regrets malgré tout. "Ça m'est égal, mais si je devais conseiller quelqu'un, je lui dirais ça. Si je devais conseiller un pilote aujourd'hui, je lui dirais d'aller chez Ducati ou Aprilia, pas sur une autre moto. On le voit bien : huit pilotes sur Ducati, qui sont différents, grands, minces… et ils sont tous rapides. Et chez Aprilia, on est tous compétitifs. Mais avec les autres motos, c'est très dur."

"C'est compliqué de faire la bonne carrière et de prendre les bonnes décisions", poursuit le pilote espagnol, qui a été confronté à d'autres choix difficiles à des moments-clés de son parcours. "En 2018, j'ai reçu une très bonne offre de la part de Ducati et j'en ai reçu une autre très bonne de la part de Yamaha, avec beaucoup d'argent. Je n'ai pas fait ce choix avec mon cœur et ma tête, j'ai choisi avec autre chose et j'ai fait une erreur", estime-t-il avec le recul. "C'est une chose à laquelle les pilotes doivent faire très attention. Parfois, il faut vraiment bien comprendre les choses, parce qu'un transfert peut vous faire faire trois pas en arrière."

Prolonger chez Yamaha était donc un choix fait pour l'argent ? "Pas seulement pour l'argent parce que j'avais le sentiment que je pourrais gagner avec Yamaha, mais si quelqu'un m'avait fait voir que Ducati était la bonne option, j'aurais peut-être pensé à y aller. Et clairement, j'ai fait une erreur parce que la Ducati a été très bonne pendant ces années-là."

J'avais le sentiment que je pourrais gagner avec Yamaha, mais si quelqu'un m'avait fait voir que Ducati était la bonne option, j'aurais peut-être pensé à y aller. Et clairement, j'ai fait une erreur.

Maverick Viñales

Au final, Maverick Viñales a passé quatre ans et demi chez Yamaha, avec à la clé huit victoires et deux médailles de bronze au championnat. Il aurait voulu obtenir bien plus, mais regarde de l'avant. "Ce ne sont pas des regrets. Pour moi, il faut prendre des chemins dans la vie et quand on regarde en arrière, c'est facile de dire 'Ah, j'aurais dû prendre l'autre !'. C'est pareil [pour] le moment où j'ai quitté Suzuki : je suis parti parce que j'avais cette opportunité d'aller chez Yamaha, mais je ne me serais jamais attendu à ce que la Suzuki soit aussi bonne ! [rires] On passe les étapes, on essaye et parfois ça fonctionne. Vous voyez, j'ai quitté Yamaha, je suis allé chez Aprilia, j'ai tout misé sur Aprilia et ça fonctionne."

Certain d'avoir le potentiel pour gagner avec Aprilia

Aujourd'hui, il loue sa moto, son équipe, "ce genre d'amour et de respect" que lui offre Aprilia, et l'opportunité retrouvée de se battre pour les victoires, avec une moto dont il salue la régularité, lui qui a pu être si frustré il y a quelques années, lorsqu'il ne parvenait pas à comprendre le yo-yo de ses performances. "Chez Aprilia, on a une moto incroyable et on peut se battre pour la victoire."

"Motivé, vraiment affamé", Viñales est "pleinement concentré" à chaque instant au point qu'il peine à débrancher. Lui qui dit aspirer à être le meilleur partout, en piste comme à la maison, il ne pense qu'à la victoire.

Gagner est son "carburant", son "état d'esprit", et il a remporté des courses chaque année de sa carrière jusqu'en 2021, à la seule exception de sa saison de rookie en MotoGP. Alors comment vit-il le fait de ne plus avoir obtenu de victoire depuis désormais deux ans ? "Ça n'est pas facile à gérer parce que j'ai été bien habitué à gagner chaque année, de nombreuses fois", explique-t-il. "Quand ça fait deux ans qu'on n'a pas gagné, on se dit 'Pourquoi est-ce que je ne gagne pas ?'. Mais au final, c'est une question de temps, il faut comprendre le week-end et tout mettre ensemble."

Maverick Vinales, Aprilia Racing

Maverick Viñales est certain que la victoire avec Aprilia est proche.

Avec Aprilia, il a obtenu trois premiers podiums l'année dernière, puis un autre cette année dès le premier Grand Prix. Certain d'avoir trouvé l'osmose avec la RS-GP, il se lance dans chaque week-end avec la certitude que son heure approche, mais a dû subir quelques déceptions depuis le début du championnat, à l'image de toute l'équipe Aprilia.

"Cette année, j'en suis passé proche à Portimão et on avait une chance [de victoire] sur beaucoup de courses où on n'a pas fait de bonnes qualifs, alors on ne s'est pas qualifiés devant et on n'a pas eu la possibilité [de gagner]. Mais le jour viendra où je serai en pole position et où j'arriverai à gagner, alors franchement je ne m'inquiète pas. Je ne suis pas frustré parce que je sais que tout le travail que l'on abat finira par payer et qu'on arrivera à gagner beaucoup de courses cette année."

Il sait pertinemment que tout bien faire ne suffit pas toujours, mais chaque week-end il retente sa chance et il s'efforce d'afficher un état d'esprit positif. "Je sens que la moto a un gros potentiel, et moi aussi. Franchement, je me vois gagner", affirme-t-il. "Un de mes rêves est de rendre à Aprilia toute la confiance qu'ils ont placée en moi avec des victoires et en me battant pour le titre, c'est clair."

Aujourd'hui âgé de 28 ans et bientôt papa pour la deuxième fois, il a gardé en lui le même feu que dans sa jeunesse. "La passion reste, bien sûr, c'est quelque chose qui ne m'a jamais quitté." Et il faut sans doute bien cela pour écrire une carrière avec une telle abnégation.

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