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Interview

KTM, un défi aussi excitant que complexe pour Tech3

En MotoGP comme en Moto2, l'équipe française a rebattu les cartes en s'engageant auprès de KTM. Les difficultés sont au rendez-vous et Hervé Poncharal ne se voile pas la face, néanmoins pour le patron de Tech3 un défi aussi difficile n'en est que plus beau s'il finit par obtenir le succès.

Miguel Oliveira, Red Bull KTM Tech 3

Miguel Oliveira, Red Bull KTM Tech 3

Gold and Goose / Motorsport Images

Refermer un chapitre de 20 ans, passer d'une Yamaha quatre cylindres en ligne au V4 de la KTM, d'un châssis alu à un châssis tubulaire en acier, d'une moto bien établie dans le championnat à la dernière arrivée… Le défi que relevait Tech3 cette année s'annonçait ambitieux, et Hervé Poncharal en assumait pleinement la portée lorsqu'il a décidé de lier son équipe au constructeur autrichien. Si le bilan sportif et comptable après les quatre premières manches est faible, avec sept points cumulés à ce stade, le patron du team français ne regrette en rien son choix.

"Évidemment, l'année dernière nous avons fini deuxièmes de la course de Jerez et en étions repartis en étant deuxièmes du championnat derrière Márquez avant le Grand Prix de France… Vous pouvez imaginer le feeling du côté des mécanos, c'est le carburant de l'adrénaline", souligne Hervé Poncharal auprès de Motorsport.com, alors que le GP d'Espagne, cette année, s'est soldé par une 18e et une 19e places pour les motos du team français.

"Nous arrivons à un moment très compliqué, parce que jamais les écarts n'ont été si serrés : ce que nous faisons n'est pas ridicule, mais si l'on regarde la position on n'est pas dans le coup", admet-il. "Mais c'est une mission totalement différente, alors, oui, on peut se dire que c'est frustrant, surtout quand on a vécu ces moments-là, mais il y a une belle mission."

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"Nous avons donc beaucoup de choses à découvrir", poursuit Hervé Poncharal. Car, si certains éléments restent communs à toutes les MotoGP, tels que l'ECU, les différences de châssis, moteur ou suspensions se font grandement ressentir dans la catégorie reine. "Il y a quand même une machine qui est très différente. Quand Guy Coulon était avec Johann [Zarco] l'année dernière, il connaissait tellement bien la machine que je ne dirais pas qu'avant même que Johann arrive il savait ce qu'il fallait faire sur la moto, mais presque. Il la connaissait depuis 20 ans et au bout de 20 ans il y a des automatismes, on connaît très bien son matériel parce qu'elle ne change pas tous les ans, ce sont de petites évolutions année après année."

"Le gros défi pour KTM se trouve dans la catégorie reine. C'est là que se porte toute l'attention des médias, c'est là que tu te bats vraiment avec les autres constructeurs. En plus, KTM a beaucoup de choses qui lui appartiennent, comme les suspensions WP ou le châssis tubulaire en acier qu'ils sont les seuls à avoir. Tout est fait in-house et avec des technologies différentes, c'est donc la mission prioritaire pour eux", souligne le team manager. "La machine a un caractère très différent, elle est beaucoup plus proto. La moto que nous avions l'année dernière était une moto aboutie. Elle est user-friendly et ressemble pratiquement à une machine de série tellement elle est bien finie. La KTM fait vraiment prototype, elle est en évolution permanente."

Un réel partage avec le constructeur

Comment, dans ces circonstances, apporter sa contribution lorsque l'on est une équipe indépendante aussi expérimentée ? "Je pense que nous leur donnons des infos assez intéressantes. Évidemment, ils avaient déjà des pilotes qui sont venus de chez Yamaha, mais pas une équipe technique. Là, nous leur disons : 'Ici, c'était fait comme ça, là on trouve que les interventions pendant la séance sont un peu longues'. Ensemble, nous essayons de faire en sorte que la moto soit plus performante sur la piste et dans la manière dont on peut travailler dessus. Nous sommes en train de faire progresser beaucoup de choses. Et puis, il est certain qu'avoir quatre motos sur la piste, quatre pilotes qui ont un style différent, c'est quelque chose qui ne peut que les aider", souligne Hervé Poncharal.

Mike Leitner, Red Bull KTM Factory Racing, Hervé Poncharal, Red Bull KTM Tech 3

Mike Leitner et Hervé Poncharal

À une époque où l'importance de disposer d'une équipe indépendante est désormais reconnue par pratiquement tous les constructeurs – ce que ne font que confirmer les efforts de l'équipe Suzuki pour convaincre son directoire en ce sens –, Hervé Poncharal ne ménage pas ses efforts pour que Tech3 prenne une part active dans ce projet, si ambitieux. Un programme qui lui permet de disposer de machines de la même spécification que celles de l'équipe d'usine, et non gelées, et qui détonne aussi à ses yeux par le sentiment de partage qui se dégage.

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"Je suis content de travailler avec une usine européenne. Et puis nous sommes en prise directe avec les propriétaires, nous nous rendons compte de l'importance de l'investissement et de ce qu'ils veulent faire. Ils veulent aller se battre avec les numéros 1, 2, 3 mondiaux de l'industrie. On sent qu'il y a un enjeu économique derrière l'enjeu sportif. C'est un beau challenge", assure-t-il. "Alors c'est difficile, on est derrière, mais si nous y arrivons ce sera beau. […] Il faut que l'on continue à bosser, mais le challenge est excitant et en tant qu'entrepreneur, ça me plaît et c'est différent. À un moment donné, nous étions dans un certain ronron, or je n'aime pas entrer dans une certaine zone de confort. Quand on est un compétiteur, on a envie de challenges. Ça fait partie de l'ADN de la compétition et de la vie."

Même schéma en Moto2

Le challenge relevé par Tech3 est doublé, puisqu'il s'étend à la catégorie Moto2. Exit les châssis Tech3 de la grille, ils ont laissé la place à des KTM, avec une organisation similaire à celle qui est appliquée en MotoGP : un team factory et un team junior, comparable à ce que Red Bull applique en Formule 1.

"En Moto2, il y a deux teams : le team Ajo, qui est un peu le 'factory', et Tech3, qui est le junior. D'ailleurs, les deux pilotes que nous avons cette année sont deux rookies qui arrivent du Moto3. C'est ce que nous voulons initier comme organisation, avec Red Bull et KTM. KTM est le seul constructeur présent à tous les échelons, avec la Red Bull Rookies Cup, le Moto3, et maintenant avec un junior team et une équipe factory en Moto2 et dans la catégorie reine. Ils veulent donc vraiment utiliser cette filière autant que faire se peut", rappelle Hervé Poncharal.

Marco Bezzecchi, Tech 3

Marco Bezzecchi

Mais, là aussi, il va falloir à nouveau gravir les échelons, car changer de matériel a pour effet de voir baisser les résultats durant ces premiers mois. "L'année dernière, nous avions fini avec de belles perfs, mais nous avons décidé, et je pense que c'était la bonne direction à prendre, de travailler avec KTM pour l'intégralité de nos engagements, en Moto2 et en MotoGP", reprend le patron de l'équipe. "En Moto2, cette année est la première avec la nouvelle motorisation Triumph, après neuf ans avec Honda. Tous les constructeurs de châssis engagés ont donc travaillé sur un nouveau châssis. Sans faire de commentaire particulier, mais sans être non plus trop politiquement correct, on voit bien qu'aujourd'hui les KTM ne sont pas au niveau qui était attendu."

Alors que les deux premiers du championnat 2018 sont partis vers le MotoGP, le troisième, Brad Binder, aurait pu endosser le statut de favori, or il n'occupe à ce jour que la dixième place. Son coéquipier chez Ajo, Jorge Martín, nouveau venu dans la catégorie, n'a quant à lui marqué que deux points. Quant aux pilotes Tech3, Marco Bezzecchi et Phillip Oettl, ils n'ont pas encore ouvert leur compteur.

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Dans une catégorie qui fonctionne avec un moteur, un ECU et des pneus uniques, chaque constructeur veut pouvoir mettre en avant son châssis pour faire valoir la qualité de sa production, d'où un constat d'autant plus rude pour KTM. "C'est clair pour tout le monde, personne n'essaie de biaiser et il faut bosser", assure Hervé Poncharal, qui témoigne des efforts mis en œuvre par Mattighofen pour redresser la barre, des efforts notamment perçus lors des tests de la semaine dernière. "Nous ne sommes pas au niveau où nous pensions être. Nous sommes en tout cas une équipe d'exploitation. La recherche, le développement, les évolutions et la solution à ces problèmes-là se font en interne chez KTM. Il y a un gros département racing."

"Nous essayons de participer autant que faire se peut, pour faire remonter auprès de l'usine les informations par rapport à ce que nous ressentons sur la piste, mais ça fait partie des choses qui peuvent arriver. Si à chaque fois que l'on faisait une nouvelle moto ou un nouveau châssis, c'était un sans-faute, on le saurait."

Les efforts vont donc se poursuivre pour KTM et son nouvel allié, Tech3, avec une confiance toujours plus grande apportée à ses pilotes. Alors qu'en MotoGP Miguel Oliveira a d'ores et déjà vu le constructeur exercer son option pour prolonger son contrat, en Moto2 c'est Marco Bezzecchi qui s'attire les louanges, un jeune pilote qu'Hervé Poncharal lui-même "adore".

"Il me rappelle incroyablement Valentino Rossi quand il était tout jeune. Le gabarit, la tête d'ange, la manière de se comporter… Je vois vraiment un parallèle. D'ailleurs, Uccio m'a dit que Valentino a une affection particulière pour Marco", souligne-t-il. Et de préciser : "KTM, Red Bull, tout le monde connaît le potentiel de ce jeune et ils vont beaucoup l'utiliser. Marco aura un rôle important et pivot dans les essais pour essayer de trouver une solution à ce problème de contre-performance en Moto2."

Le salut de KTM viendrait-il donc de la part de renouveau insufflée à son programme ? Réponse d'ici quelques mois...

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