La sécurité, un problème lancinant sur le Red Bull Ring
Le profil du tracé, la proximité des barrières et le niveau d'adhérence du tarmac font du Red Bull Ring le circuit le plus dangereux du championnat selon une majorité de pilotes.
Photo de: Gold and Goose / Motorsport Images
Pour son retour l'an passé au calendrier, le Grand Prix d'Autriche avait déjà fait parler de lui en amont de l'épreuve en raison d'un niveau de sécurité laissant à désirer.
En 2016, les organisateurs avaient notamment été obligés de réduire la largeur de la piste dans le dernier virage, le dixième, passant de 13 à dix mètres, ce afin d'augmenter la distance séparant la limite extérieure de la piste du mur.
Mais cette année, un autre problème est apparu dès la première séance d'essais libres du Moto2 vendredi matin, disputée dans des conditions pluvieuses, lorsque de nombreux pilotes ont perdu le contrôle de leur machine au premier virage.
Alors que la météo demeure incertaine dans les montagnes de Styrie, pareil scénario pourrait s'avérer encore plus dramatique lors de la course, compte tenu des plus fortes vitesses appliquées aux MotoGP. "Bien sûr, nous sommes inquiets si nous devons courir sous la pluie", a admis Marc Márquez en conférence de presse hier, avant d'en appeler aux responsables du Red Bull Ring pour trouver une solution à l'avenir. "En MotoGP, vous arrivez très vite sur les points de freinage. Ça devrait passer pour cette fois, mais pour le futur ils [les représentants du circuit] doivent analyser ce qu'il s'est passé vendredi, car c'était très dangereux."
Même son de cloche chez Andrea Dovizioso : "Après les EL1 de Moto2, bien sûr, on est inquiets de rouler sous la pluie et personne ne sortira en premier pour voir ce qui se passe : on arrive très vite au freinage ; mais il fera sec demain [dimanche]. Pour le futur, on devra analyser ce qui s’est passé en Moto2."
Néanmoins, certains pilotes semblent déjà avoir leur petite idée sur les raisons du manque d'adhérence, en particulier à l'approche du premier virage – même si le phénomène est sans doute le même pour les autres tournants, les pilotes abordant les enchaînements suivants avec plus de vigilance une fois passé le virage 1.
Pour Jonas Folger, le problème provient en effet des dépôts de gomme laissés au freinage par les F1 – dont le Grand Prix d'Autriche s'est tenu il y a un peu plus d'un mois, du 7 au 9 juillet derniers. "Même dans des conditions sèches, le pneu avant bloque souvent, plus que la normale", constate ainsi le pilote allemand. "Cela vient de la gomme déposée par les F1. Cela rend la piste plus glissante."
Le fait est que certains freinages du Red Bull Ring s'avèrent particulièrement délicats, notamment celui conditionnant l'entrée du virage 2, Remus. Problème soulevé dès l'an passé par Danilo Petrucci, l'approche de ce virage à 90° sur la droite nécessite un changement d'angle suite à une longue ligne droite qui tient presque de la courbe. "Sur plusieurs points de freinage précédant un virage à droite, vous êtes incliné sur la gauche, car la ligne droite juste avant serpente, et si vous chutez ici c'est très dangereux", ajoute Folger, qui craint un jeu de quilles en cas de chute d'un pilote à cet endroit. "Ce n'est pas seulement une histoire de blocage de la roue avant, mais dans le virage 4, il faut agrandir l'échappatoire, car si vous faites une petite erreur, vous ne pouvez pas ralentir et le mur est très proche."
Déjà délicate dans des conditions sèches, la situation pourrait être encore bien plus préoccupante en cas de piste détrempée, comme l'affirme Jorge Lorenzo. "Cela fait partie des choses dont nous avons parlé lors de la Commission de sécurité", souligne le Majorquin. "Le fait de rouler ou non s'il pleut. On devrait rouler en cas de pluie au final. Mais si vous voulez, c'est pour ainsi dire impossible d'utiliser une autre trajectoire. Ce sera une situation très dangereuse s'il se met à pleuvoir."
Des pilotes peu enclins à courir sur le mouillé
Très occupés – à juste titre – à tenter de rémédier aux carences des courses flag-to-flag aperçues lors de la dernière manche à Brno (avec l'évocation d'une réduction de la vitesse de passage dans les stands avant finalement un statu quo sur ce point), l'essentiel semble donc avoir été éludé vendredi soir, à savoir le niveau d'adhérence de la piste autrichienne et, comme l'an passé, la proximité des murs à l'extérieur de certains virages.
À telle enseigne que plusieurs pilotes ont clairement énoncé ne pas vouloir courir en cas de pluie cet après-midi, comme Cal Crutchlow. "J'ai dit que je ne courrsai pas s'il pleut ici", a déclaré sans ambage le pilote anglais. "Je leur ai dit de reculer les barrières. Je n'ai aucun intérêt à courir ici en cas de pluie."
Un avis partagé par Aleix Espargaró, qui considère le tracé autrichien comme étant l'un des plus dangereux du calendrier, et qui rappelle le tragique accident qui a coûté la vie à Luis Salom l'an passé pour appuyer son point de vue. "Je ne courrai pas sous la pluie", a assuré l'Espagnol. "Nous arrivons à 300 km/h sur les freins, et si on bloque les freins à 300 km/h, la moto va directement dans le mur. Par exemple, lors de l'accident de Salom, lorsque la moto a tapé le mur, elle a rebondi et c'est ce qui l'a tué."
Les prévisions météo sont cependant de nature à rassurer le plateau, puisque les précipitations devraient épargner le circuit en début d'après-midi. Une chance sur laquelle il ne faudra pas toujours compter, alors qu'une révision des normes de sécurité du circuit autrichien semble plus que jamais nécessaire.
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