Yamaha : Besoin d'une "grande évolution", pas d'une "révolution"
Au sein du constructeur japonais, on se refuse à compromettre les avancées observées depuis fin 2018 en remettant tout à plat, comme cela a pu être parfois le cas par le passé, notamment sous l'ère Furusawa.
Photo de: Yamaha MotoGP
Yamaha a beau avoir renoué avec la victoire en fin de saison dernière, et afficher d'ambitieux objectifs pour le prochain exercice, le bilan global de ces deux dernières années reste décevant pour le constructeur japonais.
Certes, le succès de Maverick Viñales en Australie, qui a clos une période de disette de près de 16 mois, a pu raviver un certain optimisme dans les rangs de la marque aux trois diapasons, tout comme le resserrement des performances avec Honda et Ducati. Mais l'équipe nippone était encore loin du compte si elle souhaite de nouveau batailler pour le titre en 2019, plutôt que de réaliser quelques coups d'éclat.
Cette situation pourrait rappeler celle qu'avait prise en main Masao Furusawa, directeur exécutif de Yamaha entre 2004 et 2010, et qui avait su initier une nouvelle dynamique, notamment en s'attachant les services de Valentino Rossi, alors triple Champion du monde avec Honda. Mais la comparaison s'arrête là pour Lin Jarvis, qui a succédé au Japonais voilà près de dix ans : "C'est différent, j'ai travaillé également avec Furusawa, mais c'était une époque très spéciale", a-t-il expliqué lors de la présentation de l'équipe, il y a quelques jours. "Il était là quand c'était la révolution [chez Yamaha]."
Fin 2018, la lumière au bout du tunnel ?
Une révolution aurait pu être attendue en milieu de saison dernière, lorsque l'équipe officielle semblait avoir touché le fond, notamment en Autriche après des qualifications ratées qui avaient donné lieu à une scène peu banale lorsque le responsable MotoGP de Yamaha, Kouji Tsuya, s'était excusé auprès de ses pilotes pour les faibles performances de ses machines. Mais le regain de compétitivité observé en toute fin de campagne est passé par là, et on ne souhaite donc pas remettre en question la fragile mais bien réelle dynamique qui s'est récemment enclenchée.
"Bien sûr, nous n'avons pas besoin d'une révolution, mais d'une grande évolution, car à la fin de l'année dernière nous étions revenus très proches [des leaders]", reprend Jarvis, par ailleurs convaincu que la situation actuelle est différente de celle constatée lors de l'arrivée Furusawa à la tête de l'équipe, il y a une quinzaine d'années.
"Si on revient au moment de l'arrivée de Furusawa, nous étions hors du coup, et ensuite Valentino nous a rejoints, et nous avons pris des décisions très importantes", rappelle Jarvis, qui souligne le niveau de compétition nécessaire pour faire bonne figure de nos jours en MotoGP. "Mais la situation est très différente aujourd'hui. Nous devons être parfaits, dans tous les domaines. Donc si l'on faisait une révolution maintenant, nous pourrions perdre notre base."
Quand Márquez change la donne
L'ère Furusawa fut marquée par cinq titres, dont quatre à mettre à l'actif de Rossi (2004, 2005, 2008 et 2009) et un pour Jorge Lorenzo (2010). Un palmarès qui serait quasi impensable aujourd'hui selon Jarvis, pour qui la donne a changé avec l'arrivée d'un certain Marc Márquez dans le paddock.
"C'était différent sous bien des aspects, je dirais. Déjà, nous avions Valentino Rossi qui, à ce moment-là, était sans aucun doute le pilote numéro 1 dans le monde", énonce-t-il. "Mais en ce moment, si vous regardez les récentes statistiques de Márquez, c'est le pilote le plus dominateur de ces dernières années. À ce moment-là, c'était Valentino le meilleur, lorsqu'il était arrivé de chez Honda."
Une concurrence accrue chez les pilotes donc, mais aussi chez les constructeurs. En effet, ils sont désormais pas moins de six à être présents sur la grille, avec un niveau de performance toujours plus serré. "Il n'y avait à l'époque que deux concurrents [majeurs] dans le championnat, Honda et Yamaha", poursuit Jarvis. "Maintenant, il y a six constructeurs impliqués. Ducati est très fort, Suzuki est bien revenu. Nous avons donc quatre constructeurs de pointe, les deux autres étant Aprilia et KTM. C'est donc bien plus compétitif."
Une marge de manœuvre plus restreinte
Une révolution serait également impensable chez Yamaha, tout bonnement en raison de la réglementation technique, qui se veut toujours plus restrictive et bride donc la marge de manœuvre de la marque japonaise.
"Aujourd'hui tout le monde est forcé d'utiliser le même système électronique. Nous avons un ECU commun, un logiciel commun", énumère Jarvis. "On ne peut donc pas développer nos propres solutions. Le niveau général est donc devenu bien plus serré, bien plus compétitif. Nous avons besoin maintenant de perfection, de progrès constants."
Et c'est bien de ce niveau irréprochable dont aura besoin Yamaha cette année si la marque veut se relancer dans la course au titre, d'autant plus face à une adversité alignant des pilotes de pointe au sein d'une même équipe, notamment chez Honda avec le duo Márquez-Lorenzo.
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