Chronique Cyndie Allemann : "Je doute que la Formule E ouvre les portes à d'autres courses en Suisse"
Notre chroniqueuse revient sur deux événements majeurs du printemps dernier : les mythiques 500 Miles d'Indianapolis, et le retour du sport automobile dans la Confédération Helvétique, via l'ePrix de Zürich.
Photo de: Sam Bloxham / Motorsport Images
Cyndie Allemann
Cyndie Allemann est une pilote automobile suisse née le 4 avril 1986 à Moutier. Issue d'une famille de passionnés de sports mécaniques (son père Kurt et son frère Ken ont remporté plusieurs titres de champion de Suisse de karting), Cyndie s'installe pour la première fois au volant d'un karting à l'âge de 7 ans. En juin 2010, elle a participé aux 24 Heures du Mans en compagnie de Natacha Gachnang et de Rahel Frey au volant de la Ford GT numéro 61 de l'équipe Matech GT Racing. Elle est actuellement animatrice en télévision dans l'émission Grip-das Motormagazin sur RTL2, mais également propriétaire d'un team de karting suisse, le Spirit Karting AG.
Comme je vous ai longuement parlé des 24 Heures du Mans lors de notre dernier rendez-vous sur Motorsport.com, j'avais envie de revenir cette fois sur l'Indy 500, ainsi que sur l'arrivée de la Formule E dans notre pays.
Je suis beaucoup sur les routes, je n'ai donc pas pu assister au retour du sport auto chez nous, mais j'ai suivi ce qu'en disaient les médias et j'en ai également eu des échos via mes amis. Il y a bien eu quelques réclamations d'habitants concernant les nuisances relatives à la présence de la Formule E en ville mais, globalement, l'événement a rencontré un grand succès pour sa première édition.
Le plus important est bien sûr que la course aura à nouveau lieu durant les cinq prochaines années, si tout va bien. Vu les à priori négatifs rencontrés dès que l'on évoque le sport automobile en Suisse, je m'attendais à ce que les organisateurs rencontrent davantage de difficultés. Je suis vraiment contente que l'événement puisse à nouveau avoir lieu à l'avenir !
Bien sûr, le fait que la Formule E pollue peu, fasse peu de bruit et engendre une communication positive autour de l'automobile joue énormément sur le regard porté par la Suisse sur cette compétition. Il est clair que pour une autre course, avec d'autres voitures, les choses seraient beaucoup plus compliquées, voire impossibles.
Je doute fortement du fait que la présence de la Formule E dans le pays ouvre les portes à d'autres courses. La présence de Sébastien (Buemi, ndlr) a également son importance. C'est un pilote respecté en Suisse, qui a une certaine valeur, qui a disputé plusieurs saisons en Formule 1 et qui est vraiment très compétitif. Il a déjà été champion au volant d'une monoplace électrique, et il est clair que cela plaît à nos compatriotes.
Les 500 Miles d'Indianapolis , une course unique et très mentale
L'Indy 500 est selon moi l'une des courses qu'il faut tenter de faire une fois dans sa vie, lorsque l'on est pilote. Il y a Le Mans et Indianapolis, ce sont les plus grandes courses. L'atmosphère dans le paddock de l'Indy 500 est tout simplement incroyable.
La course est très longue, c'est impressionnant de voir à quel point les pilotes doivent tenir bon en termes de concentration, alors qu'ils roulent à des vitesses qui peuvent atteindre les 350 km/h. La moindre erreur peut provoquer un drame et je pense donc à l'inverse que, pour gagner, il faut avant tout être le plus fort mentalement.
J'ai pu voir la course sur place en 2009, lorsque j'ai roulé en Indy Lights, et j'ai vraiment été très impressionnée. L'élaboration des stratégies, que ce soit au sujet des bagarres en piste, sur le plan de l'aérodynamique, ou concernant l'essence, est extrêmement poussée. Et puis, j'insiste, l'ambiance dans le paddock mais aussi dans les tribunes est juste incroyable, c'est vraiment à vivre !
Lorsque j'y étais, j'avais bien sûr pour ambition de disputer les 500 miles un jour. J'étais en Indy Lights, j'avais pour objectif de prendre de l'expérience durant cette année-là. Puis la crise économique et financière est survenue est les choses ont été rendues impossibles.
Mais je n'aurais pas apprécié de disputer uniquement l'Indy 500, je pense que c'est un peu limite... Il faut de l'expérience pour pouvoir être performant sur une telle piste, à ces vitesses-là et durant autant de temps. Je pense qu'il faut au moins avoir disputé une ou deux courses sur ovale auparavant, en IndyCar.
Bien sûr, Alonso a fait sans en 2017, mais c'est Alonso... On ne peut avoir qu'un immense respect pour ce qu'il a accompli.
L'expérience et le budget de l'équipe jouent également beaucoup, car sur ovale la performance de l'auto est déterminante. Mais faut-il encore que l'équipe en question dispose d'un pilote talentueux ayant suffisamment de cran pour se frotter roues contre roues à des vitesses vertigineuses.
Être dans l'aspiration modifie et la vitesse, et le comportement de la voiture. A l'inverse, se situer hors trajectoire demande de relâcher quelque peu les gaz. Il faut vraiment du talent pour gérer ces éléments à 350 km/h durant 200 tours. Physiquement, je ne pense pas que ce soit trop éprouvant. Mais tout se joue sur le plan mental, et dans la stratégie.
Je vous retrouve très bientôt pour faire le point sur la saison de Formule 1 en cours ! Bel été !
Foto:
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