Les raisons du gouffre entre Toyota et Ferrari en qualifications
La leçon infligée par Toyota à la concurrence lors des qualifications à Portimão a étonné, mais une fois analysée, elle laisse encore la porte ouverte à un possible suspense en course.
Photo de: Paul Foster
Voir Toyota truster la première ligne de la grille de départ à Portimão ne peut pas franchement être qualifié de surprise. En revanche, la manière dont les deux GR010 Hybrid ont maté la concurrence en qualifications samedi après-midi peut l'être davantage, surtout lorsque l'on constate le gouffre qui les sépare des deux Ferrari. Annoncées comme les premières rivales à surveiller, les 499P partiront en deuxième ligne ce dimanche mais ont concédé 1"4 sur un tour. Au plus grand étonnement de... Toyota !
"On a été très surpris parce que ce n'est clairement pas ce qu'indiquait l'analyse des essais libres", s'interroge Pascal Vasselon, directeur technique de l'équipe nippone. "L'anomalie, c'est vraiment Ferrari, car l'écart avec les autres est comparable à ce que l'on a vu à Sebring, à l'exception de Cadillac, que l'on s'attendait à voir en difficulté ici car ils n'ont aucune expérience de ce circuit."
Comment alors expliquer cet écart de performance qui a surpris tout le monde ? Certes l'expérience inégalable de Toyota en fait un favori redoutable, mais elle ne peut pas tout justifier dans l'exercice du tour rapide. Il faut sans doute se tourner vers d'autres facteurs plus quantifiables, à commencer par l'approche adoptée de part et d'autre. Dans le clan japonais, par exemple, manquer la pole à Sebring le mois dernier a incité à travailler un peu plus sur les qualifications.
"On s'est plus concentré que d'habitude sur l'exploitation du potentiel de la voiture en qualifications", révèle le poleman Brendon Hartley. "On a essayé d'optimiser au maximum la voiture pour les qualifications. Je dirais que l'on était un peu moins concentrés sur la course que d'habitude. Ferrari nous a devancés en qualifications à Sebring, et on était quelque peu contrariés."
Une manière d'aborder les choses que Pascal Vasselon ne dément pas, mais qu'il tient tout de même à éclaircir. "On ne fait toujours pas de réglages pour les qualifications, car c'est complètement contre-productif de changer la voiture et de revenir en arrière ensuite", précise le Français. "L'accent a été mis sur la préparation en elle-même, que l'on a prise un peu plus au sérieux après Sebring. Oui, on était plus concentrés sur les préparatifs très spécifiques pour les qualifications, comme les tours de chauffe, le moment où l'on sort des stands, etc."
Brendon Hartley a signé la pole position pour la Toyota n°8.
À l'inverse, Ferrari a cette fois consacré tous ses efforts à la préparation de la course et l'essentiel pour le constructeur italien était de s'assurer d'être en deuxième ligne. Une philosophie différente qui peut en partie confirmer la thèse de deux approches opposées pour expliquer l'écart au chronomètre.
"Par rapport à Sebring, on n'a pas voulu vérifier les limites de performance de la 499P sur un tour", admet Ferdinando Cannizzo, directeur technique du programme Hypercar italien. "On a plutôt travaillé tout au long des séances pour essayer d'optimiser les performances de la voiture en vue de la course. On savait donc qu'il serait difficile de se battre pour la pole position. Partir de la deuxième ligne est donc un bon résultat et nous donne de grands espoirs pour la course."
James Calado, auteur du quatrième temps avec la Ferrari n°51, apporte des raisons supplémentaires donnant du relief à cet écart surprenant. "On aurait pu montrer plus de potentiel que ce que l'on a fait en qualifications", assure-t-il. "Après la troisième séance d'essais libres, il y a eu un changement dans l'équilibre général de la voiture, particulièrement visible au premier virage et dans les grosses zones de freinage, des phases dans lesquelles j'ai raté l'occasion de faire un bon tour lors de la première tentative, quand les pneus étaient encore neufs."
Les pneus, justement, sont le dernier facteur qui a probablement joué un rôle dans la manière dont s'est établie la hiérarchie. Tout porte à croire que Toyota et Ferrari ont fait des choix différents entre les deux spécifications proposées par Michelin. Brendon Hartley a d'ailleurs confirmé qu'il avait utilisé le pneu tendre à haute température, mais Ferrari n'a pas indiqué la gomme choisie. "On a travaillé dur avant la course, mais pas pour les qualifications, ce qui est évident quand on regarde l'écart avec Toyota, qui est significatif", s'est contenté de commenter Antonello Coletta, patron du programme sportif de Ferrari en Endurance.
La course, dont le départ sera donné ce dimanche à 13 heures, dira si l'écart entre les deux constructeurs observé lors des qualifications peut se réduire sur les longs relais. Et la gestion pneumatique sera déterminante, avec un mercure qui pourra flirter avec les 28°C.
La grille de départ des 6H de Portimão
P. | # | Pilotes | Voiture | Temps | Ecart |
---|---|---|---|---|---|
1 | 8 |
Sébastien Buemi
Brendon Hartley Ryo Hirakawa |
Toyota GR010 - Hybrid | 1'30.171 | |
2 | 7 |
Mike Conway
Kamui Kobayashi José María López |
Toyota GR010 - Hybrid | 1'30.444 | 0.273 |
3 | 50 |
Antonio Fuoco
Miguel Molina Nicklas Nielsen |
Ferrari 499P | 1'31.596 | 1.425 |
4 | 51 |
Alessandro Pier Guidi
James Calado Antonio Giovinazzi |
Ferrari 499P | 1'31.923 | 1.752 |
5 | 6 |
Kévin Estre
André Lotterer Laurens Vanthoor |
Porsche 963 | 1'32.404 | 2.233 |
6 | 94 |
Loïc Duval
Gustavo Menezes Nico Müller |
Peugeot 9X8 | 1'32.517 | 2.346 |
7 | 5 |
Dane Cameron
Michael Christensen Frédéric Makowiecki |
Porsche 963 | 1'32.560 | 2.389 |
8 | 2 |
Earl Bamber
Alex Lynn Richard Westbrook |
Cadillac V-Series.R | 1'32.582 | 2.411 |
9 | 93 |
Paul Di Resta
Mikkel Jensen Jean-Éric Vergne |
Peugeot 9X8 | 1'32.703 | 2.532 |
10 | 708 |
Romain Dumas
Ryan Briscoe Olivier Pla |
Glickenhaus 007 | 1'33.343 | 3.172 |
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