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Édito - Surtout, n'enterrons pas Neuville trop vite

Grand perdant du début de saison en Championnat du monde des Rallyes, le pilote Hyundai a sans doute la capacité de ne pas laisser sa confiance s'étioler et conserve probablement des chances de coiffer la couronne cette année.

Thierry Neuville, Nicolas Gilsoul, Hyundai i20 WRC, Hyundai Motorsport

Photo de: Helena El Mokni/Hyundai Motorsport

Certaines situations ne tiennent parfois qu'à un fil. Leader du Monte-Carlo avec 51” d'avance sur Sébastien Ogier puis en Suède avec 43”3 de marge sur Jari-Matti Latvala, Thierry Neuville est parti par deux fois à la faute dans la dernière spéciale de la deuxième étape, le samedi en fin d'après-midi. Et cela, alors qu'il n'avait plus qu'à gérer, pour ainsi dire, dans la mesure où la journée de dimanche ne comprenait que 53,72 et 58,81 kilomètres de spéciales respectivement...

Dans un monde meilleur pour lui, Neuville occuperait la tête du championnat avec, probablement, plus de dix points d'avance sur Latvala et Ogier. Il serait encensé par tous les observateurs, craint par tous les acteurs, et, au volant d'une Hyundai i20 WRC Coupe considérée comme la meilleure voiture du plateau – et de loin –, ferait d'ores et déjà figure de grand favori dans la course au titre. N'a-t-il pas occupé la tête au terme de 23 des 32 spéciales déjà disputées cette année, signant au passage, une performance plus parlante encore, 12 meilleurs temps soit plus du tiers d'entre eux ?

Thierry Neuville, Nicolas Gilsoul, Hyundai i20 WRC, Hyundai Motorsport

Les deux erreurs n'ont pas grand-chose en commun, comme nous y reviendrons un peu plus loin. Mais cela n'enlève rien à leur côté impardonnable – particulièrement la seconde, survenue dans une super spéciale "spectacle" de Karlstad où Neuville a heurté un mur de pneus à l'intérieur d'un virage à gauche, ce qui l'a renvoyé directement à l'extérieur du tracé... dont il n'est pas reparti.

Pas le premier passage à vide

Que s'est-il donc passé ? Le Belge est-il retombé dans ses difficultés de 2015, où une série de déconvenues avait poussé son employeur – Hyundai déjà – à lui retirer en fin de saison son statut de pilote nominé à chaque rallye pour inscrire des points au championnat constructeurs, statut qui faisait de facto de lui le leader de l'équipe ? Après avoir conservé sa place dans celle-ci en 2016, et malgré un nouveau passage à vide en début de championnat, une victoire en Sardaigne et une série d'autres podiums l'avaient remis en selle. Pour de bon, pensait-on. Au point qu'il fut courtisé par Citroën qui voulait le faire revenir dans son giron pour 2017, lui donnant ainsi le luxe – en passant avant les pilotes Volkswagen qui ignoraient encore tout du retrait à venir de l'équipe allemande – de pouvoir choisir pour quelle marque il piloterait cette année.

Thierry Neuville, Hyundai Motorsport

"Je considère qu'au Monte-Carlo, c'est quand même un peu du manque de réussite, qu'il y ait eu cette bordure en béton qui était masquée alors qu'il ne pouvait vraiment pas s'y attendre", estime Michel Lizin, grand reporter en WRC qui connaît bien Neuville depuis ses tout débuts en rallyes, il y a près de dix ans. "S'il avait su, il aurait levé le pied quand le survirage prenait de l'importance en sortie de courbe. Pour la Suède, il doit quand même un peu plus surmonter parce qu'on le sait que sur des tracés artificiels, il y a des pneus avec du béton dedans. Donc, il aurait pu prendre la précaution de garder une marge pour ne pas risquer de frôler – et donc, finalement, de toucher. C'est sans doute une erreur sérieuse, pour laquelle il doit s'en vouloir. Mais de là à le déstabiliser, je ne crois pas."

Notre interlocuteur met le doigt sur la première interrogation principale concernant la suite de la saison pour Neuville. Cette série de déconvenues peut-elle influer sur la confiance du pilote, ce qui aurait pour effet direct de rendre d'ores et déjà nulle et non avenue sa campagne 2017 ? Sans doute pas, à en voir la réaction de l'intéressé lui-même, qui a eu tendance à minimiser ses erreurs, allant jusqu'à dire que celle de la Suède n'en était pas vraiment une. Une façon de se protéger ?

"Peut-être bien, je ne suis pas dans sa tête", répond Michel Lizin. "Mais c'est sa façon de fonctionner, en tout cas. Et je crois que ça lui convient. Il est comme ça. Il a toujours une tendance à l'optimisme et à la minimisation des faits. Je crois que c'est sa façon d'envisager les choses. C'est dans sa personnalité. Et je pense que jusqu'à présent, ça lui a davantage servi que l'inverse."

Comme une légende à Bastogne

De retour au volant, celui d'une Porsche 911, dans le cadre des Legend Boucles de Bastogne une dizaine de jours après la Suède, Neuville n'a pas semblé perturbé le moins du monde et a réalisé une démonstration impressionnante pour s'imposer en compagnie de Nicolas Gilsoul. De quoi lui redonner la confiance, même s'il ne s'agissait que d'un rallye “historique” – et si tant est qu'il en ait eu besoin.

Thierry Neuville, Hyundai Motorsport

"Je l'ai croisé à Bastogne", explique Denis Giraudet, copilote comptant le plus grand nombre de départs en WRC et chroniqueur pour Motorsport.com. "Je lui ai dit qu'il avait vraiment de la chance que Michel [Nandan, directeur de Hyundai Motorsport] soit si gentil. J'ai ajouté : 'Moi, je t'aurais cassé en deux après le Monte-Carlo et je te garantis que tu n'aurais pas fait une autre bêtise en Suède'. Au Monte-Carlo, c'est dix centimètres, et en Suède deux centimètres. Pour lui, ce sont de petites erreurs. Sauf qu'elles sont inadmissibles dans le contexte. Quand tu as 40 secondes d'avance, ou 30 en Suède – ce qui équivaut à une minute ailleurs –, c'est inadmissible. Ce sont des fautes professionnelles, un François Duval a été mis à pied pour moins que ça. Il ne s'était pas mis dehors alors qu'il avait une minute d'avance, mais parce qu'il était à la bagarre."

"À Bastogne, il s'est lâché, il a infusé tout le monde. Auparavant, je me disais que si j'avais été Nandan, je lui aurais dit : 'Ta petite récréation, finalement, tu ne la fais pas et tu te prépares pour le Mexique'. Mais finalement, ça lui a peut-être fait du bien de pouvoir se lâcher, sans pression."

 

Et Giraudet d'argumenter, faisant appel à son expérience : "Nous, avec Didier Auriol, quand on est sorti dans le même virage que Carlos Sainz (leur équipier chez Toyota, ndlr), 500 mètres après le départ de la première spéciale, au Monte-Carlo 1999, on avait quand même fini troisièmes mais le mercredi suivant, on était tous convoqué – pilotes et copilotes – à Cologne pour prendre une 'branlée' d'un autre monde. De temps en temps, les gars, il faut les recadrer. Sainz avait été deux fois Champion du monde, Auriol une, et pourtant ils se sont fait remonter les bretelles comme des gamins."

La réaction de Michel Nandan a fini par arriver, cependant, celui-ci déclarant en substance après la Suède que la seconde bévue de son pilote était intolérable du fait des conditions dans lesquelles elle avait été commise. 

Thierry Neuville, Nicolas Gilsoul, Hyundai i20 WRC, Hyundai Motorsport

Le Mexique, en fin de semaine prochaine, sera sans doute déjà un rallye à quitte ou double pour Neuville. D'autant que, revers de la médaille mais dans un sens positif, ses déboires du début de saison lui vaudront une position de départ avantageuse sur ce premier rallye terre de 2017 – la septième pour l'étape d'ouverture. Un plus qui, en raison de la nouvelle règle voyant les concurrents repartir le samedi matin dans l'ordre inverse du classement, devrait se répéter dès le deuxième jour. Mais à condition d'avoir été bien exploité la veille par un pilote qui ne se soit pas laissé déstabiliser.

"Aujourd'hui, Thierry est plutôt fort psychologiquement, et donc je ne pense pas que tout cela va le déstabiliser", reprend Michel Lizin. "Il a eu une période difficile qui a duré plusieurs rallyes l'année dernière (il sort de la route en Suède et au Mexique, puis des problèmes l'empêchent de faire des résultats), et il s'est repris à partir du Portugal puis complètement en Sardaigne. Je crois qu'il est plus fort maintenant et qu'il a bien compris comment on devenait un champion. Donc, moi, je ne vois pas pourquoi il serait déstabilisé, d'autant moins qu'en conséquence, il aura cette très bonne position sur la route au Mexique."

Au pied d'une montagne

Reste que les chiffres parlent. Thierry Neuville se retrouve aujourd'hui au pied d'une montagne, avec un gros retard à rattraper sur ses principaux rivaux, en particulier Sébastien Ogier qui paraît le plus à-même d'être dans le coup et de prendre de gros points sur l'ensemble de la saison. Mais il n'en est pas moins clair que le niveau de performance de la Hyundai au Monte-Carlo et en Suède, en tout cas entre les mains du Belge, n'exclut pas l'éventualité d'une remontée au long cours, à coups de victoires devenues de toute façon indispensables. De ce point de vue aussi, le Mexique sera un gros test, sur un terrain plus représentatif de l'ensemble du calendrier.

Thierry Neuville, Nicolas Gilsoul, Hyundai i20 WRC, Hyundai Motorsport

"J'ai l'impression aussi que dans les manches qu'on a vécues cette année avec les WRC 2017, il y a une qualité importante qui était la facilité de conduite et, je dirais, le caractère prévisible du comportement", précise Michel Lizin. "Et pour moi, ce n'est pas un hasard si les Ford se sont très bien comportées, si les Toyota se sont très bien comportées, et s'il y a eu moins de sorties de route parmi les équipages de ces voitures-là. Alors que celle qui est la plus difficile à conduire est probablement la Citroën, et la deuxième, la Hyundai. Mais là, on va arriver sur des terrains plus homogènes, et je pense que la performance pure des voitures va commencer à payer."

"Tout dépend, je dirais, de la compétitivité de la Ford et de la Toyota sur les terrains où jouera la performance pure. Si là, on voit une inversion de tendance, et si on voit que c'est la Citroën et la Hyundai qui sont les plus performantes, alors je crois que tout sera possible. Parce que même si on sait qu'Ogier est une machine à marquer de gros points mais aussi à gagner, il peut aussi s'énerver si jamais il ne gagne pas quelques rallyes. Donc, moi, je crois que c'est encore possible, mais c'est évidemment dommage d'avoir gaspillé pas loin de 50 points comme ça." 

Thierry Neuville, Hyundai Motorsport

Même son de cloche du côté de Denis Giraudet : "Ça peut changer, parce que je pense que ce qu'il se passe avec Toyota peut n'être qu'un feu de paille", dit-il pour sa part. "Elle ne sera peut-être pas si performante que ça sur l'ensemble de la saison, et comme, apparemment, la Hyundai, elle, est vraiment compétitive... Neuville est à chaque fois largement devant;  Dani Sordo, en faisant des courses tranquilles, est à chaque fois relativement bien classé. Il reste quand même beaucoup de rallyes, et lui [Neuville] est quand même bon. S'il arrive à tout mettre en place, il peut être Champion du monde."

Bref, n'enterrons surtout pas Thierry Neuville trop vite.

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