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Portugal 2010, ce rallye qui a lancé la rivalité entre Loeb et Ogier

Les légendes du Rallye Sébastien Loeb et Sébastien Ogier se retrouvent ce week-end sur les routes du Portugal, 12 ans après le premier succès du second cité dans la discipline dans ce même pays. L'occasion pour ce dernier de revenir sur cette première victoire, qui le conforta à l'époque dans le statut de Champion en devenir.

"J'ai un nouveau rival désormais". C'est par ces mots que Sébastien Loeb, alors six fois Champion du monde WRC, décrivit sa situation après s'être incliné au terme d'une bataille homérique face à Sébastien Ogier à l'issue du Rallye du Portugal 2010 – qui constituait du reste la première victoire de ce dernier en WRC. Pour Loeb, il s'agissait là d'une prémonition aussi précise que son pilotage au volant.

L'épreuve portugaise du calendrier marqua en effet en 2010 l'émergence d'un nouveau rapport de force ainsi que d'un nouveau challenger pour l'Alsacien. Un avant-goût de nombreux duels, parfois controversés, toujours intenses, jusqu'à ce que le nonuple Champion du monde français décide de raccrocher à l'issue de la campagne 2012.

Douze ans ont à présent passé, et Loeb ainsi qu'Ogier demeurent sans doute les deux noms les plus illustres du WRC. Le second cité a en effet pris le relais de son compatriote pour assurer la continuité de "l'hégémonie des Sébastien", remportant huit nouveaux titres au profit de Volkswagen (de 2013 à 2016), M-Sport Ford (2017 et 2018) et Toyota (2020 et 2021).

Mais l'ironie du sort a permis aux deux hommes de croiser à nouveau le fer, même après qu'Ogier se soit à son tour retiré du WRC l'an dernier. Loeb et Ogier se sont ainsi retrouvés lors de la manche inaugurale de la saison 2022, au Monte-Carlo, pour la première épreuve de leur programme partiel cette année. Ogier fidèle à Toyota, nouvelle alliance entre Loeb et M-Sport, le décor était dès lors planté pour de nouveaux combats épiques cette année.  

Et le moins qu'on puisse dire, c'est que les deux Français n'ont pas déçu. Le Rallye Monte-Carlo 2022 restera ainsi dans les mémoires comme l'une des plus belles épreuves ayant eu lieu au championnat, avec un final à suspense qui ne trouva son dénouement que lors de la pénultième spéciale, lorsqu'Ogier fut contraint de céder la tête de l'épreuve à son compatriote suite à une crevaison.

Retrouvailles au Portugal pour Loeb et Ogier

Après deux manches, en Suède et en Croatie, où ils ont été absents, les deux tricolores ont repris du service ce week-end à l'occasion du Rallye du Portugal, première épreuve sur terre du calendrier, et qui marque les 50 ans d'existence du Championnat du monde des constructeurs. On ne pouvait rêver meilleure distribution pour célébrer l'événement, et meilleure endroit que le lieu-même où le talent d'Ogier a éclos aux yeux du monde entier il y a 12 ans.

Le début d'une histoire d'amour entre le Gapençais et l'épreuve lusitanienne, où il s'imposera par la suite à quatre autres reprises, en 2011, 2013, 2014 et 2017, partageant ainsi le record de victoires sur ce rallye avec le Finlandais Markku Alén.

Ogier a décroché son premier succès en WRC à l'issue d'un duel épique face à Loeb.

Ogier a décroché son premier succès en WRC à l'issue d'un duel épique face à Loeb.

Peu importe le sport concerné, chaque athlète se souvient à vie de sa première victoire. Et Ogier ne fait pas exception : "Ce fut un moment énorme pour moi sur le plan personnel mais aussi au niveau de ma carrière", a ainsi confié Ogier à Motorsport.com en préambule du Rallye du Portugal. "Il était crucial de franchir ce cap pour aller de l'avant et gagner en confiance. Aujourd'hui encore je me souviens très bien de ce succès, en particulier parce qu'il a été acquis au terme de l'un de ces gros duels que nous avons pu avoir avec Loeb."

En 2010, cela faisait déjà quelques temps que la question n'était plus de savoir si Ogier allait finir par remporter un rallye, mais quand. Ce dernier s'est en effet rapidement taillé une réputation de futur prodige, et obtint un premier engagement en WRC en 2009 au sein du Citroën Junior Team dans la foulée de son titre en Junior WRC l'année précédente. Au volant d'une Citroën C2 alignée par la FFSA (Fédération Française du Sport Automobile), il signa des scratchs sur les rallyes terre du Mexique et de Jordanie, mais également sur l'asphalte en Allemagne, spécialité de Sébastien Loeb.

Au cours de sa première saison complète au volant de la C4 WRC l'année suivante, Ogier continua d'impressionner en dépit de résultats parfois irréguliers. Mais ce manque de constance n'occulta pas l'essentiel, à savoir un premier podium dans la discipline sur le Rallye de l'Acropole, avec une deuxième place obtenue derrière Mikko Hirvonen. Il supplanta cette année-là en Grèce ses coéquipiers au sein de la marque aux chevrons, Loeb et Dani Sordo, qui avaient respectivement abandonné et fini au 11e rang.

Ogier termina la saison en beauté avec trois top 6 sur les cinq derniers rallyes de la saison, et s'inscrivit ainsi dans une parfaite dynamique pour l'exercice suivant, toujours au sein du Citroën Junior Team. Dès lors, un premier succès lui semblait promis lors de la quatrième manche de la saison 2010 en Nouvelle-Zélande, mais un tête-à-queue lors de la toute dernière spéciale en décida autrement, laissant son futur patron chez Toyota, Jari-Matti Latvala, hériter de la victoire. Malgré la défaite, Ogier venait d'envoyer un avertissement clair à ses adversaires, et en particulier à Loeb, troisième ce jour-là aux antipodes.

Sa première victoire, un déclic pour Ogier

Lors du retour du WRC en Europe, au Portugal, Ogier avait désormais l'intime conviction d'être en mesure de remporter son premier rallye. "Quelques semaines auparavant j'avais manqué de peu ma première victoire en Nouvelle-Zélande, mais je savais que je commençais véritablement à être dans le coup", se remémore Ogier. "Cependant, le fait de se savoir capable de quelque chose et d'effectivement concrétiser sont deux notions différentes."

Loeb étant alors leader du championnat, l'Alsacien dut ouvrir la route, ce qui constitue toujours un désavantage, à plus forte raison sur un rallye terre tel que celui du Portugal. Un scénario idéal pour Ogier, qui se fera plus tard une spécialité de limiter les dégâts lorsque lui incombera la tâche de "balayer" pour les autres concurrents. L'occasion était trop belle pour ne pas être saisie, et il attaqua pied au plancher, se constituant une avance de plus de 26 secondes sur Sordo, qui avait perdu du temps en se manquant à une intersection. Quant à Loeb, il ne put qu'accuser le coup, avec près de 45 secondes de débours sur son jeune compatriote.

Avant le Portugal, Ogier avait laissé échappé une première chance de victoire en Nouvelle-Zélande suite à une erreur.

Avant le Portugal, Ogier avait laissé échappé une première chance de victoire en Nouvelle-Zélande suite à une erreur.

Mais les rôles furent inversés le lendemain : le règlement sportif stipule en effet qu'à partir de la deuxième étape, l'ordre des départs sur les spéciales est régi par le classement à l'issue de la première journée, et non plus celui du championnat. Il était donc temps pour Loeb de refaire son retard, celui-ci reprenant 22 secondes dès la première boucle du matin pour remonter à la deuxième place du général.

Ogier fit de son mieux pour limiter la casse dans l'après-midi, mais le scénario d'une bataille intense se profilait de plus en plus en vue de la dernière étape. Au retour à l'assistance, l'avance du Gapençais avait fondu à 21 secondes, alors qu'il restait encore cinq spéciales à disputer le dimanche.

Lors de la conférence de presse de fin de journée, le patron de l'équipe Citroën, Olivier Quesnel, eut alors le malheur de tenir des propos ambivalents quant aux consignes données à ses pilotes : "Mon objectif est que nous décrochions les deux championnats, donc demain ils [Ogier et Loeb] auront le feu vert pour piloter", déclara le responsable français. "Mais hors de question de sortir de la route pour autant, je ne veux pas revivre ce qui s'est déroulé en Nouvelle-Zélande. Nous nous sommes mis d'accord sur le fait qu'ils peuvent piloter, mais si l'un d'eux fait une erreur je serai très en colère. Et quand je suis en colère, ce n'est pas bon."

Voir le scénario de la Nouvelle-Zélande se reproduire était sans doute la dernière chose que souhaitait alors Ogier, mais le vœu de Quesnel fut finalement exaucé en dépit d'une nouvelle bataille entre ses deux pilotes. Loeb continua à grappiller du temps sur un Ogier sous pression et qui devait de nouveau ouvrir la route. Mais ce dernier finit tout de même par offrir un aperçu de ce qui allait devenir plus tard l'une de ses marques de fabrique, en parvenant à conserver son avance en tête.

Les deux adversaires allaient donc devoir en découdre au cours d'une dernière Super Spéciale, disputée dans le Stade de l'Algarve, construit pour l'Euro 2004 au Portugal, devant une foule surnuméraire. Là, non seulement Ogier parvint à réaliser une prestation propre, mais il devança Loeb de deux dixièmes de seconde pour remporter le rallye de 7"9 après avoir soutenu la pression de son rival pendant deux jours.

Après avoir ouvert la route la première journée, Loeb entama une belle remontée mais ne put rien contre Ogier.

Après avoir ouvert la route la première journée, Loeb entama une belle remontée mais ne put rien contre Ogier.

"C'est une sensation incroyable, je suis vraiment très content", déclara Ogier sur le coup. "Cela n'a pas été facile avec Sébastien derrière moi qui me mettait constamment la pression, mais nous n'avons pas cessé d'attaquer durant tout le rallye et nous n'avons commis aucune erreur."

Cette première victoire d'Ogier apporta à Loeb la confirmation qu'un nouveau prétendant au trône venait de voir le jour, et qu'il fallait désormais compter sur une nouvelle force dominante au championnat. "J'ai essayé de le battre durant tout le rallye, mais il a été tout simplement trop rapide", expliqua Loeb à l'époque. "Sur la seconde boucle de spéciales il a juste été intouchable. J'ai un nouveau rival désormais."

Douze années plus tard, Ogier considère ce premier succès comme le moment où il a pris conscience qu'il était en mesure de se battre pour le titre en WRC. "Il [Loeb] devait ouvrir la route lors de la première journée et j'ai alors pu prendre l'avantage sur lui", explique l'actuel pilote Toyota. "Par la suite lors des deux étapes suivantes j'ai dû rouler à fond tout en étant le premier à prendre la route, et bien sûr il n'a eu de cesse de me rattraper. Au final j'ai réussi à rester devant pour moins de dix secondes, donc ce fut une victoire intense et l'un de ces moments qu'on n'oublie pas. C'était important de marquer l'Histoire avec ce premier triomphe, car après on a pu se fixer un nouvel objectif. Ce fut une étape importante de franchie et à partir de ce moment nous avons visé le titre mondial."

Ogier remporta une autre victoire cette année-là, au Japon, et boucla la saison à la quatrième place, pendant que Loeb s'adjugeait un septième titre de rang. La rivalité entre les deux hommes ne dura cependant qu'un seul exercice supplémentaire, lorsqu'Ogier rejoint l'équipe d'usine aux côté de l'Alsacien en 2011.

Loeb félicite Ogier après la victoire de ce dernier au Portugal en 2010, sa première en WRC.

Loeb félicite Ogier après la victoire de ce dernier au Portugal en 2010, sa première en WRC.

Bataille fratricide chez Citroën en 2011

Cette année-là fut marquée par d'intenses batailles ainsi que de nombreuses tensions, alors que les deux Français se battaient pour obtenir la suprématie sur la discipline. L'un des événements les plus marquants survint sans doute en Allemagne, où un Ogier furieux défia les consignes d'équipe qui lui ordonnaient de maintenir sa position derrière Loeb pour assurer le doublé à Citroën. Au lieu de cela, le Gapençais continua d'attaquer, se rapprochant inexorablement de Loeb avant que ce dernier ne soit victime d'une crevaison. La marque aux chevrons décrocha bel et bien le doublé ce week-end-là, mais pas dans l'ordre souhaité, ce qui ne manqua pas de diviser l'équipe. Ogier exprima alors ses états d'âme en des termes qui ne furent pas du goût de tout le monde : "Bien sûr je ne peux pas me réjouir de ma victoire alors que mon coéquipier a eu un problème, mais au moins aujourd'hui j'ai pu voir qu'il y avait une justice dans le sport."

Ogier quitta finalement Citroën à la fin de la saison, et passa l'année suivante au volant d'une Skoda Fabia S2000 alignée par Volkswagen Motorsport, alors qu'il développait conjointement la nouvelle Polo WRC qui allait faire ses débuts en 2013. Une année de transition en somme pour le Français, qui ne put viser la victoire cette année-là, même s'il inscrivit des points sur sept rallyes et obtint une remarquable cinquième place en Sardaigne.

Depuis 2011, il y a encore eu quelques moments fugaces où la rivalité entre Loeb et Ogier a resurgi, la dernière en date remontant à la manche inaugurale de la saison 2022, au Monte-Carlo. On pouvait espérer pareil scénario se reproduire ce week-end sur les routes du Portugal, mais au final les abandons respectifs des deux hommes vendredi auront mis un terme prématuré à la lutte qui se dessinait.

"Je pense que ce fut une période assez spéciale, avec deux pilotes qui ont successivement dominé la discipline l'un après l'autre", reprend Ogier. "J'ai toujours dit cependant que cette rivalité avait été amplifiée par les médias, et qu'elle n'était pas aussi importante en réalité, car nous n'avons pas couru l'un contre l'autre durant toutes ces années. Il n'y a eu que 2011 où nous avons été en lice tous les deux pour le titre. Mais même-là je manquais d'expérience, et je n'étais pas aussi fort que plus tard durant ma carrière. Bien sûr je suis content car j'apprécie toujours de me battre avec lui. Nous avons eu quelques belles bagarres au cours de notre carrière, et c'est bien de voir que les fans attendent cela [ce week-end au Portugal]. Au bout du compte, comme Séb l'a dit, nous nous ressemblons, nous avons eu des carrières similaires au niveau du palmarès. C'est toujours une bonne chose de voir les journalistes et les fans discuter de qui entre nous deux était le meilleur, et je pense d'ailleurs que cette question ne sera pas tranchée avant bien longtemps."

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Photo de: Sutton Images

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