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Sanremo 1986 - L'ère des Groupe B s'achève dans la polémique

Il y a tout juste 30 ans, les voitures de la catégorie la plus impressionnante ayant jamais couru en rallyes tiraient leur révérence pour raison de sécurité après plusieurs drames survenus pendant la saison... et sur une ultime controverse.

Bruno Saby, Jean-François Fauchille, Peugeot 205 Turbo 16 Evo 2

Bruno Saby, Jean-François Fauchille, Peugeot 205 Turbo 16 Evo 2

Christian Alias

Rétro : Dans l'Histoire des sports méca

Sur deux ou quatre roues, replongez-vous dans l'Histoire des sports mécaniques, celle qui a écrit la légende des hommes et des machines durant des décennies.

Après une victoire de la Lancia Delta S4 de Henri Toivonen au Monte-Carlo (photo ci-dessous), malgré un accident sur le secteur de liaison et un mauvais choix de pneus qui lui avaient fait perdre la tête du rallye au profit de la Peugeot du Champion du monde en titre, Timo Salonen, Juha Kankkunen avait imposé sa 205 Evo 2 pour sa première participation au Rallye de Suède (deuxième photo ci-dessous). Les deux hommes étaient séparés de huit points au championnat après ces deux premières épreuves, alors que leur employeurs se partageaient le commandement du côté des constructeurs.

Henri Toivonen, Sergio Cresto, Lancia Delta S4
Henri Toivonen, Sergio Cresto, Lancia Delta S4

Photo de: LAT Images

La première tragédie survint au Rallye du Portugal, où, après un Monte-Carlo déjà un peu difficile en la matière et alors que les pilotes avaient fait part de leurs craintes qu'un grave accident se produise en raison du public présent en masse et au comportement souvent incontrôlable en bordure de route – mais aussi sur la route –, la Ford RS200 du pilote local Joachim Santos partit dans la foule, tuant trois personnes dont un enfant et en blessant de nombreuses autres. S'ensuivit une grève des pilotes officiels qui décidèrent de ne pas poursuivre l'épreuve.

Juha Kankkunen, Juha Piironen, Peugeot 205 T16 E2
Juha Kankkunen, Juha Piironen, Peugeot 205 T16 E2

Photo de: LAT Images

Après un quasi triplé Toyota emmené par Björn Waldegard dans cette manche si particulière qu'était le Safari Rally du Kenya, Markku Alen étant venu glisser sa "vieille" Lancia Rally 037 devant la troisième Celica en vue de l'arrivée et pour six petites secondes, un nouveau drame se conclut au Tour de Corse par le décès de Toivonen et de son copilote Sergio Cresto dans l'incendie de leur Delta S4, après une grosse sortie de route et une chute dans un ravin de l'ES16 alors qu'ils dominaient la course. La victoire sans joie ni célébration de Bruno Saby permit à Peugeot de prendre seul les commandes du championnat des constructeurs, que l'équipe française partageait encore avec Lancia au terme du premier rendez-vous africain de l'année.

Cet accident de trop entraîna illico l'interdiction des Groupe B pour la saison suivante, et le retrait avec effet immédiat d'Audi – titré de 1982 à 1984 mais battu par Peugeot l'année suivante et désormais devancé assez largement par le Lion et Lancia –, mais il y avait une saison à finir avec des épreuves elles aussi raccourcies pour raisons de sécurité.

En Grèce, une nouvelle belle performance de Saby, troisième, alliée à la victoire intelligente d'un Kankkunen (ci-dessous) parti prudemment avant de remporter son premier Acropole comme il avait gagné son premier Rallye de Suède quelques semaines plus tôt, permit à Peugeot de compter 23 points d'avance sur Lancia qui avait dû se contenter d'une deuxième place de Miki Biasion. Puis, en Nouvelle-Zélande, Kankkunen, qui s'était retrouvé seul face à trois Lancia après un accident de son équipier Salonen – qui connaissait une saison compliquée – en début de rallye, faisait le break aux points pour lui et pour la marque française.

Juha Kankkunen, Juha Piironen, Peugeot 205 Turbo 16 Evo 2
Juha Kankkunen, Juha Piironen, Peugeot 205 Turbo 16 Evo 2

Photo de: LAT Images

Le moustachu finlandais ne remporterait pas de quatrième succès sur huit en rallyes en Argentine, puisqu'une casse de suspension l'y forçait à l'abandon alors qu'il était deuxième derrière Biasion, lequel s'imposait devant son équipier Markku Alen. Après un début de saison marqué par des ennuis de toute sorte, celui-ci empochait une seconde deuxième place de suite et occupait désormais cette même position au championnat à 19 points de son jeune compatriote – alors que Lancia n'en avait plus que six de retard sur Peugeot.

La situation s'inversait en Finlande, où, après des ennuis de suspension arrière frappant les deux autres Delta de Mikael Ericsson (le remplaçant de Toivonen pour les manches sur terre) et Kalle Grundel (pilote Ford en renfort pour ce rallye, son équipe habituelle ayant fait l'impasse sur les 1000 Lacs), Alen, en tête la majeure partie de l'épreuve, se retrouvait sous la pression des Peugeot de Salonen et Kankkunen suivies d'une troisième aux mains de Stig Blomqvist (habituel équipier de Grundel chez Ford). Une sortie de route du leader, qui lui faisait perdre trois minutes, le reléguait en troisième position et Salonen s'imposait devant Kankkunen, lequel portait son avance à 22 points sur Alen.

Un rallye mixte

Après un Rallye de Côte d'Ivoire marqué par un quadruplé Toyota et un nouveau succès de Waldegard en l'absence des équipes officielles jouant le championnat, tout ce petit monde se retrouvait donc au Sanremo pour l'antépénultième manche de la saison. Le rendez-vous italien, à l'instar du Rallye de Catalogne aujourd'hui, avait la particularité d'être disputé tant sur asphalte que sur terre, les sections sur les deux surfaces alternant parfois même dans une même journée.

Au terme des quatre premières spéciales goudronnées, Andrea Zanussi, pilote de Peugeot Italie venu renforcer l'équipe française tout en jouant le titre national, et Bruno Saby, séparés par une petite seconde, plaçaient leurs 205 en tête du classement général. En revanche, cela commençait mal pour Alen qui heurtait un rocher et crevait dans l'ES1, perdant déjà du temps et se lançant alors dans une remontée indispensable pour lui dans l'optique du championnat. 

Andrea Zanussi, Paolo Amati, Peugeot 205 Turbo 16 Evo 2
Andrea Zanussi, Paolo Amati, Peugeot 205 Turbo 16 Evo 2

Photo de: Christian Alias

Zanussi augmentait ensuite légèrement son avance lors des premiers chronos sur terre, mais le deuxième jour, il sortait de la route et concédait une minute. Au moins s'en sortait-il mieux que Salonen, également parti à la faute mais pour le compte. Saby, de son côté, perdait aussi du terrain sur un mauvais choix de gommes (et allait en perdre bien plus par la suite en sortant à son tour). En revanche, montant en puissance, leur équipier Kankkunen occupait la tête en fin de journée devant... un Alen survolté qui avait enregistré neuf temps scratchs en 11 spéciales. Biasion était troisième sur une autre Lancia d'usine, à 16 secondes, devant celle, privée, d'un autre transalpin, Dario Cerrato.

Alen avait réduit l'écart à une seconde avec Kankkunen quand il crevait une nouvelle fois le troisième jour et perdait près d'une minute et demie. Puis, après des ennuis de transmission, il signait trois nouveaux scratchs pour conclure l’étape mais pointait encore à 1'26" du leader qui n'était plus Kankkunen mais Biasion, avec 11 secondes d'avance sur le pilote Peugeot. Alen pointait en quatrième position derrière Cerrato.

Dario Cerrato, Geppi Cerri, Lancia Delta S4
Dario Cerrato, Geppi Cerri, Lancia Delta S4

Photo de: LAT Images

C'est alors que de retour à San Remo avant la dernière boucle de spéciales sur asphalte, la caravane du rallye avait la stupéfaction d'apprendre la mise hors course des trois Peugeot encore présentes, en particulier celle de Kankkunen – la seule encore en mesure de jouer la victoire, et dont le pilote jouait aussi, comme la marque française, le championnat. En cause, selon les commissaires techniques italiens, la présence de jupes aérodynamiques sur les bas de caisse des 205, qui leur apporteraient un gain de performance tout en étant illégales.

Rapidement, regards et suspicion se tournèrent vers le camp Lancia qui, d'après certains, auraient attiré l'attention des commissaires sur les fameuses jupes des 205, espérant s'assurer ainsi un beau succès à domicile et faire une bonne affaire au championnat. Des accusations à peine voilées... et en partie seulement réfutées par le patron de l'équipe italienne, Cesare Fiorio.

Nous ne voulions surtout pas provoquer une exclusion de ce genre, mais nous avons demandé si ce genre d'équipement était autorisé, car s'il était autorisé, nous serions partis la dernière nuit avec un équipement exactement pareil”, déclara en effet ce dernier au micro de France 3 notamment.

Bruno Saby, Jean-François Fauchille, Peugeot 205 Turbo 16 Evo 2
Bruno Saby, Jean-François Fauchille, Peugeot 205 Turbo 16 Evo 2

Photo de: Christian Alias

La stupeur à peine retombée, l'homologue de Fiorio chez Peugeot, Jean Todt, organisait pour sa part une conférence de presse lors de laquelle il assura : “Je voudrais vous dire à quel point toute l'équipe de Peugeot Talbot Sport et moi-même sommes déçus de vous revoir ce soir autrement qu'au départ de la première épreuve [spéciale] de la quatrième étape du rallye de San Remo.[...] Je vous informe que nous avons demandé aux organisateurs de prendre contact avec un huissier pour mettre notre voiture sur saisie.”

Le lendemain, après avoir fait appel de la décision au nom de son employeur, l'ancien copilote ajouta : “Ce matin, lorsqu'on parlait du classement du rallye qui ne veut plus rien dire, Juha Kankkunen et Andrea Zanussi étaient restés dans leur lit sans pouvoir défendre leurs chances. Je crois que c'est ce qui me fait le plus de peine à l'issue de ce rallye.”

De son côté, le président de la commission des rallyes de la FISA, Guy Coutard, ne pouvait croire ces accusations incriminant l'équipe Lancia : “Je ne pense pas, sur le plan sportif, qu'on puisse faire des choses pareilles”, dit-il. “Ce ne serait vraiment pas une belle chose de la part de l'équipe Lancia, qui nous a habitué à plus de sportivité.”

Markku Alen, Ilka Kivimäki, Lancia Delta S4
Markku Alen, Ilka Kivimäki, Lancia Delta S4

Photo de: Christian Alias

Biasion comme Cerrato levant sensiblement le pied et leur copilote respectif encaissant des pénalités grâce à des pointages en retard, Alen remporta sa première victoire de la saison pour revenir à deux points de Kankkunen au championnat tandis que Lancia passait devant Peugeot avec un total de 125 contre 117. Tout était relancé, et le résultat de l'appel interjeté par Peugeot ne serait sans doute connu qu'après les deux rallyes restant à disputer. Le risque était donc bien réel que les deux titres soient attribués sur tapis vert.

En tête au début du RAC, le Rallye de Grande-Bretagne, Alen se retrouvait engagé dans une lutte au couteau avec Ericsson et Salonen, les trois hommes se tenant en trois secondes après la première journée. Et c'est Kankkunen, suivant les choses de près, qui partait en tonneau le lendemain mais pouvait repartir puis continuer le combat, à bonne distance, après une belle partie de mécanique du clan Peugeot. Il allait remonter jusqu'à la troisième place devant le troisième homme du team français sur ce rallye, Mikael Sundström, tandis que leur équipier Salonen, en s'imposant devant Alen tandis qu'Ericsson avait dû abandonner sur ennui mécanique, privait son dauphin du jour de précieux points. Celui-ci prenait bien la tête du championnat mais avec un seul d'avance sur Kankkunen (104 à 103) tandis que Peugeot repassait devant Lancia côté constructeurs (137 à 128).

Juha Kankkunen, Juha Piironen, Peugeot 205 Turbo 16 Evo 2
Juha Kankkunen, Juha Piironen, Peugeot 205 Turbo 16 Evo 2

Photo de: Christian Alias

Inscrit pour la première fois au calendrier du WRC, l'Olympus Rally, épreuve sur terre organisée aux USA dans l'État de Washington, allait donc décider de l'issue du championnat... ou pas. Seuls représentants de leur équipe respective, Alen et Kankkunen dominaient les débats dans cet ordre pour terminer aux deux premières places. Et si Peugeot était assuré de conserver sa couronne des constructeurs, quel que soit le résultat de son appel du Sanremo, l'incertitude restait de mise du côté des pilotes.

Je suis champion du monde, et c'est tout”, clamait Alen sans sembler trop y croire, tandis que son rival, rappelant que c'était à la FISA de décider, estimait que “ce serait une grosse surprise qu'ils ne fassent rien.”

Quelques jours plus tard, le résultat de la manche italienne était en effet purement et simplement annulé. Le rideau tombait pour de bon sur une saison à la fois tragique et haletante, et le WRC faisait un grand saut dans l'inconnu en passant aux voitures bien moins spectaculaires du Groupe A, lesquelles auraient du mal à faire oublier leurs grandes sœurs du Groupe B. Mais ceci est une autre histoire...  

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