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Le tour du monde de Gabin Moreau : Mexique

Après avoir enchaîné sur deux jours de tests , décalage horaire ou pas, le copilote de Stéphane Lefebvre s'est posé pour nous conter son premier périple mexicain. Chronique aux allures de carnet de route pour cet adepte du carnet de notes...

Stéphane Lefebvre, Gabin Moreau, Citroën C3 WRC, Citroën World Rally Team

Photo de: McKlein/LAT Images

C'était ma première fois au Mexique, et franchement, nonobstant la façon dont s'est passée la course, ce fut une super expérience. Après notre arrivée à León, le samedi de la semaine précédant le rallye, on a eu deux jours de repos pour s'acclimater et effacer le décalage horaire. On en a profité pour bosser sur les vidéos et passer un peu de temps avec Vincent Klingenschmitt, notre chiropracteur.

Vincent est là pour nous faire les soins pendant le rallye et s'occupe de toutes nos affaires, de les transférer d'hôtel en hôtel, ou de préparer les boissons, mettre les cagoules dans la voiture – bref, faire que l'on ne doive penser à rien de tout cela. Je le vois pas mal pour mes problèmes de clavicule, souvenir de notre accident en Allemagne l'an dernier avec Stéphane. Dès que je ressens quelque chose, il est là et je fais avec lui un travail vraiment en profondeur pour retrouver la forme et poursuivre un peu ma rééducation. Même si je ne ressens plus de douleurs aujourd'hui, et si je suis revenu à 100%, il y a toujours de petites gênes, des petites choses qui peuvent bouger – notamment sur la terre où l'on prend quand même des chocs. On essaie de voir Vincent un petit peu tous les jours, ne serait-ce qu'un quart d'heure ou 20 minutes, pour qu'il remette tout en place.

Stéphane Lefebvre, Gabin Moreau, Citroën C3 WRC, Citroën World Rally Team

À León, j'ai été surpris de voir un endroit plus moderne que ce à quoi je m'attendais, qui fait un peu penser à une ville européenne. Mais une fois qu'on en sort, c'est le dépaysement total, on voit les Mexicains avec des sombreros, montés sur des ânes ou des chevaux, tirant des charrettes. C'est vraiment atypique, et en même temps conforme à l'image répandue.

Les Mexicains sont très accueillants, et des gens que nous avons rencontrés – j'y reviendrai un peu plus tard – nous ont expliqué que les Français étaient très bien perçus au Mexique. On a été super bien accueillis, en effet, par des gens très ouverts. Pendant les recos, il y en avait toujours pour venir à notre rencontre, les enfants tapaient à la vitre de la voiture pour faire une photo... C'était vraiment top de rencontrer des gens comme ça, si gentils, et toute la caravane du rallye a reçu le même accueil. Le rallye tient une grande place là-bas, tout le monde le connaît et à Mexico, c'était vraiment impressionnant, il y avait du monde partout. Quelque chose d'un peu à part, vraiment.

Stéphane Lefebvre, Gabin Moreau, Citroën C3 WRC, Citroën World Rally Team

Lors des reconnaissances, on a pu découvrir des spéciales relativement longues sur des routes pas mal défoncées. C'était assez délicat pour la prise de notes et en tant que copilote, on a intérêt à avoir un bon coussin sur les genoux pour bien caler le cahier et amortir un peu les chocs. Les deux soirs, mardi et mercredi, j'ai eu pas mal de boulot pour remettre les notes au propre. Rien que pour la spéciale d'El Chocolate, longue de 54 km, j'en avais pas loin de 90 pages.

Je ne suis pas de ceux qui recopient les notes. C'est vrai qu'elles sont ainsi plus propres, que c'est mieux d'une certaine façon, mais en même temps, on peut faire une erreur très facilement... Dès qu'on saute une ligne, on loupe un virage, et au Mexique, pour six vraies spéciales assez longues, il y avait 300 à 350 pages. C'est pourquoi je pars plutôt dans l'optique de remettre au propre, gommer, corriger les ratures...

Même si ce n'est pas parfait, c'est mieux que de faire une erreur et que ce soit un peu la "cata" en course. Mais c'est à chacun sa technique. Scott Martin, le copilote de Craig Breen, les recopie à chaque fois. Pour Paul Nagle, celui de Kris Meeke, ça dépend des rallyes. Au Mexique, il les a recopiées. Mais comme cela fait des années qu'ils disputent le championnat, tous les deux avec Kris, ils repartent souvent avec les notes de l'année précédente, et en général, Paul fait comme moi.

Stéphane Lefebvre, Gabin Moreau, Citroën C3 WRC, Citroën World Rally Team

On a fait quatre tours sur le sec lors du shakedown, puis il s'est mis à pleuvoir et on est repartis pour un run – histoire de valider les réglages qu'on avait définis en tests 15 jours plus tôtt, sans forcer car il n'y avait pas beaucoup de pluie d'annoncée sur le rallye. Pour l'anecdote, c'est lors de ce quatrième tour que nos deux voitures ont signé leur meilleur chrono.

Mexico, donc, on y a passé une grosse journée le jeudi, juste pour une petite spéciale d'un kilomètre sur la place, en plein centre-ville, où a été tournée une scène du dernier James Bond – que l'on a regardé durant le vol, du coup, pour voir comment c'était fait !

Le plus dur, c'est l'atterrisage

On est partis à cinq heures du matin de León, à bord d'un avion affrété par l'organisation. C'était sympa, tous les teams, tous les équipages étaient là. Il ne fallait pas que l'avion se crashe, car le championnat aurait été terminé en moins de deux !

Je ne plaisante pas complètement en disant cela, car on a eu quelques péripéties : juste après l'atterrissage à Mexico, l'avion s'est dirigé vers la voie parallèle à la piste, la taxiway, et s'est arrêté d'un coup, complètement en travers. En fait, un autre avion décollait et notre équipage ne l'avait pas du tout vu ou n'avait pas reçu l'information. C'était un peu chaud ! On a pu sentir les odeurs de kérosène de l'autre avion quand il est passé au-dessus de nos têtes... Une deuxième émotion après la découverte d'une grande banderole jaune, à León, sur laquelle était inscrit "scène de crime", probablement la conséquence d'un règlement de comptes.

Stéphane Lefebvre, Gabin Moreau, Citroën C3 WRC, Citroën World Rally Team

Cette journée à Mexico, ville qui contraste avec la modernité de León car on sent qu'elle a une vraie histoire, s'est bien passée entre séances de travail, pour s'avancer car on savait qu'on rentrerait tard et attaquerait tôt le lendemain (mais ça, c'était sur le papier...), et reco de la spéciale avec seulement deux voitures pour tous les équipages. Des trombes d'eau s'étant mises à tomber juste au début, on s'est retrouvés à cinquante sous une arche Red Bull pour nous protéger en attendant notre tour...

Durant la spéciale proprement dite, en début de soirée, nous avons hélas perdu une quinzaine de secondes lors du second passage – restant "tankés", calant et faisant deux marches arrière à l'un des cinq donuts jalonnant la spéciale.

Le retour s'est passé sans encombre et lundi matin tôt, on a appris en croisant Marek Nawarecki, le team manager de l'équipe Citroën, que les campions transportant les voitures de Mexico à León avaient été bloqués plusieurs heures en raison d'un accident survenu devant eux sur la route, qu'ils allaient arriver trop tard et que le premier tour de deux premières spéciales était annulé... Un mal pour un bien, en ce qui nous concerne, car cela nous a permis de travailler un peu plus les vidéos.

L'après-midi, la spéciale de 54 km s'est bien passée, on pensait "prendre" plus que ça mais en fait, on était à environ une seconde au kilomètre des premiers. Pas si mal, pour un premier rallye avec la voiture sur la terre. 

Stéphane Lefebvre, Gabin Moreau, Citroën C3 WRC, Citroën World Rally Team

Le samedi, on roulait troisièmes sur la route, il y avait encore du balayage et trois kilomètres avant l'arrivée de la deuxième spéciale, on s'est laissé surprendre bêtement sur un freinage en descente. Il y avait un droite suivi d'un gauche, on a un peu perdu la voiture dans le droite et on n'a jamais pu passer le gauche. On s'y est posé à 30 à l'heure sur le bas-côté, et malheureusement, la voiture était vraiment posée sur le châssis. Impossible de la bouger, et notre journée s'est arrêtée là. La C3 n'avait aucune égratignure et une fois dégagée par la dépanneuse, on est rentrés à León par la route...

Cela nous a coûté quelques spéciales pour gagner de l'expérience mais l'avantage était que comme elles étaient longues, on a quand même pu en prendre un peu. En tout, on a fait deux spéciales par jour, ce qui correspond à un petit rallye régional en France ! Mais en termes de kilométrage, c'était bien plus long.

Drôle d'endroit pour une rencontre

Ironie du sort, c'est là, en attendant la dépanneuse, qu'on est tombés sur un groupe d'une dizaine d'étudiants français, auxquels je faisais allusion au début, qui s'étaient placés juste à cet endroit. Ce fut assez particulier de tomber sur eux au fin fond du Mexique ! C'était la première fois qu'ils venaient voir un rallye, ils ne connaissaient pas du tout. Du coup, on a passé deux heures avec eux... et on les a retrouvés le dimanche pour passer la soirée avec eux !

Avant cela, le dernier jour, il y a eu un troisième temps pour nous dans la longue spéciale de 32 kilomètres avant la Power Stage, dans des conditions normales de course avec une route balayée et une voiture parfaite. Puis la victoire de Kris et Paul, bien sûr, une excellente chose qui met du baume au cœur de toute l'équipe. Ça nous encourage à pousser davantage encore pour la suite.

Kris est notre pilote numéro un, et en tant que tel, il est toujours là pour nous répondre et nous orienter quand on a une question. C'est un peu le papa de l'équipe, par rapport à ses équipiers ! Il est vraiment ouvert et toujours là, prêt à nous aider. C'est génial de rouler avec quelqu'un comme ça.

Stéphane Lefebvre, Gabin Moreau, Citroën C3 WRC, Citroën World Rally Team

J'ai quitté le Mexique avec le sentiment d'avoir découvert un rallye vraiment particulier, comme on n'en trouve nulle part ailleurs. Les spéciales ne sont pas très rapides mais il y a des enchaînements, les virages sont vraiment tous les uns sur les autres – un peu comme en Corse, sur l'asphalte. Et on a fait de belles rencontres, dont celle avec nos étudiants français. 

La suite dont je parlais, c'est l'asphalte, sur lequel on s'apprête à faire de gros essais pour trouver de bons réglages, car la voiture a surtout été développée sur la terre pour l'instant. Puis la Corse sera vite là, un rallye que j'aime bien, où il est toujours agréable de se rendre. Et le fait que ce soit notre rendez-vous national du calendrier apporte forcément un petit plus...

Je vous donne rendez-vous juste après !

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