Laverty revient en WSBK après avoir "changé d'état d'esprit" en MotoGP
Seconde partie de notre interview d'Eugene Laverty, à quelques semaines de ses retrouvailles avec Aprilia et le Superbike.
Photo de: Gold and Goose / Motorsport Images
Après deux campagnes MotoGP, Eugene Laverty fera l'an prochain son retour en Championnat du monde Superbike, la discipline qui a par le passé répondu à sa quête de succès. Il faut rappeler en effet que, en quatre saisons en WSBK, l'Irlandais a fini un tiers de ses courses sur le podium et s'est hissé sur la plus haute marche pas moins de 13 fois.
Vainqueur au minimum d'une épreuve par année de 2009 à 2014, lorsqu'il évoluait en Supersport puis en Superbike, il a vu cette tendance s'effondrer avec son arrivée en Grands Prix, où il doit se contenter d'une machine de deux ans d'âge. Vingt-deuxième au terme d'une première campagne modeste, il est aujourd'hui en lice pour terminer la saison dans le top 10 et peut se targuer notamment d'une quatrième place sur le Grand Prix d'Argentine.
Vice-Champion du monde Superbike en 2013, celui qui fut battu par Tom Sykes dans la dernière manche de sa saison la plus riche dans la discipline a désormais la ferme intention d'y retrouver les avant-postes. Quels progrès personnels a-t-il accomplis entre-temps ? Il l'explique à Motorsport.com.
Est-ce que l'expérience de tes deux saisons en MotoGP fera de toi un meilleur pilote Superbike ?
"Oui, ça a clairement fait de moi un pilote beaucoup plus fort. On peut apprendre partout - en MotoGP, Superbike, même en Supermoto ou en motocross. Je pense aussi qu'en tant que pilote, j'ai changé d'état d'esprit ces deux dernières années. Chez Aprilia [en WSBK], j'étais frustré, je tombais beaucoup plus et, au fond, cela m'a coûté une chance de jouer le titre. Un peu d'immaturité. Je me suis désormais beaucoup calmé, j'ai réalisé qu'il fallait finir les courses. Cette année, jusqu'en Autriche (où il a été heurté par Petrucci dans le dernier tour, ndlr), j'ai fini toutes les courses."
As-tu le sentiment que tu avais besoin de ces deux ans au guidon d'une moto qui n'évolue pas aux avant-postes afin de progresser en tant que pilote ?
"Je n'en avais peut-être pas besoin, mais cela aide toujours car cela change votre état d'esprit. Vous ne pouvez pas vous aligner sur la grille et vous dire 'Aujourd'hui, je peux gagner', sinon vous serez frustré et vous tomberez. J'ai donc dû changer d'état d'esprit, être plus calme. J'ai une attitude plus calme vu de l'extérieur, mais quand j'abaisse ma visière, c'est une autre histoire ! C'est le plus important, en apprendre sur soi-même. Cela ne sert à rien de regarder les autres pilotes. Marc Márquez a fait un boulot fantastique cette année, il a changé d'état d'esprit parce qu'il est intelligent, et c'est la clé. Vous ne pouvez pas vous chercher d'excuses, blâmer quelqu'un d'autre : si vous voulez progresser, vous devez avant tout vous blâmer vous-même."
Quand t'attends-tu à avoir ton premier test avec Aprilia ?
"Je n'en suis pas encore certain, mais probablement en novembre. Je n'en ai pas encore beaucoup parlé, parce que le calendrier MotoGP est très chargé d'ici à la fin de l'année. Mon attention est encore sur cette année. Je ne veux pas penser à l'année prochaine alors qu'il reste encore tant à faire cette année."
Qu'est-ce qui te fait penser qu'Aprilia pourra rivaliser avec Kawasaki et Ducati ?
"C'est un challenge, c'est certain. Kawasaki et Ducati sont de plus en plus forts chaque année. Quand j'ai quitté le WSBK, Chaz Davies venait de rejoindre Ducati ; cela fait maintenant trois ans qu'il y est et il est devenu plus fort. De même pour les gars de Kawasaki. J'aurai donc du mal à être avec eux sur les premières manches, et c'est là qu'il me faudra me calmer et utiliser ma tête pour m'assurer que je reste en lice au championnat. J'ai confiance en la moto, et cela fait la différence : je ne fais pas que sauter sur la moto et devoir l'apprendre comme ce fut le cas cette année et l'année passée ; je la connais de mon expérience passée et cela est d'une grande aide."
Quelles assurances as-tu reçu de la part d'Aprilia quant à leur degré d'implication ?
"C'était vraiment la clé. C'est la raison pour laquelle les choses ont été retardées, parce que quand j'hésitais entre le MotoGP et le Superbike, tout était question de compétitivité du matériel. J'ai dû m'assurer que tout serait en place [chez Aprilia]. L'effort sera réel."
Es-tu d'accord avec Alex Lowes, qui a dit que les meilleurs pilotes WSBK rivalisent avec ceux du MotoGP - à part les pilotes vraiment au top ?
"Je serais plutôt d'accord avec ça. C'est quelque chose que j'aurais aimé avoir la chance de démontrer, avec un équipement [d'un niveau] un tout petit peu plus élevé pour pouvoir me confronter à ces gars-là. Je suis venu en MotoGP pour courir contre les meilleurs au monde, mais ils ont malheureusement toujours été un tout petit peu trop haut. Ceci dit, quand j'ai pu rouler avec eux, j'ai parfois vu des domaines où ils étaient faibles. Quoi qu'il en soit, comme l'a dit Alex, les trois meilleurs pilotes au monde sont à présent Márquez, Rossi et Lorenzo - en particulier Márquez, qui ne fait pas grand-chose de travers. Il est probablement le pilote le plus rapide au monde désormais. En ce qui concerne le World Superbike, je ne mettrais sans doute pas très loin derrière des gars comme Johnny [Rea] ou Chaz [Davies]."
N'est-il donc pas surprenant que plus de pilotes Superbike n'aient pas leur chance en MotoGP ?
"D'une certaine manière. Mais ce sont deux championnats différents. Si quelqu'un devait regarder le World Superbike et prendre l'un des leaders, le placer sur une moto factory ici [en MotoGP], je suis presque certain qu'il pourrait faire de super choses. Quand il est venu ici, Cal [Crutchlow] pouvait déjà compter sur un réel effort satellite (chez Tech3, ndlr) et il n'a fait que se renforcer depuis. Je suis presque certain que les leaders du Superbike pourraient faire la même chose."
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