Rea : "Nous nous battons avec une main dans le dos"
Le Champion en titre vient de faire le break au championnat après la manche d'Assen. Une vraie performance, alors que les obstacles ne manquent pas en travers du chemin des Kawasaki cette saison.
Photo de: Gold and Goose / Motorsport Images
Jonathan Rea a beau avoir égalé le nombre de victoires de Carl Fogarty sur le circuit d'Assen – 12, ce qui constitue un record de succès sur un tracé donné – la belle série de victoires consécutives du Nord-Irlandais s'est arrêtée au chiffre huit, puisque celui-ci n'a pas été en mesure de rattraper lors de la Course 2 son coéquipier Tom Sykes.
Il faut dire que son coéquipier était parti en pole position, là où Rea avait lui dû s'élancer depuis la neuvième place, suite à l'application de la règle désormais connue de la grille inversée.
Mais plus que le terrain à rattraper – le triple Champion du monde s'est après tout déjà fendu de belles remontées depuis l'an dernier en pareil scénario –, c'est bien la limitation des régimes moteur qui a empêché le leader du championnat de signer son premier doublé cette saison aux Pays-Bas.
Le plafonnement des régimes moteur, une mesure contre-productive
Alors que cette mesure, instaurée cette année, a pour visée de niveler les performances des équipes (et surtout d'abaisser celles de Kawasaki), elle a en revanche semblé priver le public néerlandais le week-end dernier d'un beau duel entre les coéquipiers du constructeur japonais.
"Les dépassements sont encore plus difficiles à faire", a déploré Rea après la Course 2. "Ce sont les règles. Même lors de la Commission de sécurité les gars qui sont plus agressifs et pourraient tirer leur épingle du jeu comme moi et Chaz [Davies], nous sommes en train de nous plaindre de cela en ce moment. Surtout que le niveau de performance de chaque constructeur est similaire. Je ne sais pas si nous avons encore besoin de cela."
Néanmoins, Rea n'a pas oublié d'où il vient, et notamment qu'il n'a pas toujours joui d'un matériel lui permettant de jouer la victoire, en particulier lorsqu'il officiait au sein d'une équipe indépendante.
"J'ai attendu des années et des années durant ma carrière sur une moto qui était sous-développée, avec un manque de soutien de l'équipe d'usine, et finalement j'ai obtenu une moto d'usine et ensuite chaque année ils ont changé les règles depuis que la Dorna est arrivée", rappelle Rea. "C'est la réglementation sur les générateurs, les vilebrequins standardisés, les régimes moteur limités et les pièces de concession. Les choses sont ce qu'elles sont, mais j'ai aussi été de l'autre côté, quand je sentais que les autres gars étaient aussi trop forts. C'est trop difficile de se battre avec une moto privée. J'en ai fait partie [des indépendants], je comprends cela."
Malgré cela, celui qui dispose à présent de 30 points d'avance sur son plus proche poursuivant au championnat, Chaz Davies, est conscient du lourd travail abattu par ses troupes pour le maintenir en tête du général, alors que les vents contraires ne manquent pas.
"Nous nous battons avec une main dans le dos, et nous avons un bien meilleur potentiel que ce que nous affichons en piste, et c'est ce qui nous frustre. C'est la vie", assène avec fatalisme le Britannique, qui se montre néanmoins philosophe. "Ce qui nous manque au niveau des tours moteur, nous le rattrapons dans d'autres domaines. C'est un package global. Mais les fans comprennent cela, ils sont intelligents. Ils regardent et disent que ce n'est pas du sport. C'est du spectacle à présent. Espérons qu'ils y trouvent leur compte."
Avec Mark Bremer
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