A quand la renaissances des pilotes italiens en F1?
L’Italie est un pays qui a été bercé au son des moteurs de Formule 1 et où résident les plus grandes marques, les plus prestigieuses du sport automobile.
Photo de: LAT Images
Pourtant, et mystérieusement, l’Italie a finalement fourni peu de vainqueurs de Grands Prix et de champions du monde. Les statistiques sont édifiantes. Cent Italiens ont pris le départ de 782 Grands Prix depuis le début du Championnat du monde en 1950.
De ces 100 pilotes, seulement 15 ont remporté une des 43 victoires enregistrées. Le meilleur d'entre eux fut Alberto Ascari, qui a décroché 13 victoires et deux titres de champion, il y a de cela fort longtemps toutefois, en 1952 et 1953.
En comparaison, les pilotes britanniques se sont réellement illustrés. Les 160 Anglais ont disputé 911 courses, et 19 ont récolté 243 victoires. Dix pilotes différents ont décroché 15 titres mondiaux. Douloureuse comparaison…
Ferrari occupe trop d'espace
Pour la quatrième saison consécutive, il n’y a aucun Italien sur la grille de départ de F1, et il y a presque dix ans maintenant qu’un Italien, Giancarlo Fisichella, a remporté un Grand Prix. Comment expliquer cette piètre performance, et, plus important, comment la corriger?
Emanuele Pirro est l’un des pilotes italiens qui a le mieux réussi au cours des 20 dernières années. En plus de ses cinq victoires aux 24 Heures du Mans, et de ses deux titres en série American Le Mans, Pirro a aussi disputé 37 Grands Prix F1 pour les écuries Benetton et Scuderia Italia entre 1989 et 1992.
“Personnellement, je crois que c’est la situation économique qui règne dans un pays qui dicte la vigueur de son sport automobile”, affirme Pirro. “Cela fait plusieurs années que l’Italie n’est pas très forte économiquement, et le sport automobile n’est pas terriblement populaire. Nous avons Ferrari, bien évidemment, mais cela est une arme à double tranchant pour l’Italie. Ferrari draine beaucoup d’attention, et cela enlève de la visibilité pour les pilotes des catégories inférieures. L’amateur italien est fan de Ferrari et fan de F1, mais il ne connaît pas vraiment ce qu’il y a d’autre. C’est très différent de l’amateur de sport auto britannique qui est très connaisseur”.
Pirro poursuit son analyse : “Nous avons des pilotes qui pourraient se rendre en F1 d’ici peu, des jeunes comme Antonio Giovinazzi qui y arrivera avec un peu plus de financement et un peu de chance."
“Il faut procéder à un examen de conscience quand on songe qu’il n’y a pas eu un seul Italien champion du monde depuis plus de 60 ans. Il y a eu d’excellents pilotes depuis Alberto Ascari, mais l’Italie n’a pas été capable de produire un pilote doté d’un talent exceptionnel”.
Pirro croit aussi que des changements sociaux et de comportement majeurs, survenus lors des deux dernières générations, ont aussi nui à l’émergence de champions.
Un nouveau défi pour Pirro
Personnellement, il ne peut rien y faire. Mais son nouveau rôle lui permettra de transmettre son expérience et son savoir accumulés au fil des ans en sport automobile international.
“Depuis le mois de juillet, je suis le président de la fédération italienne de karting. Mes objectifs sont de mettre en place un système qui permettra non seulement de repérer les talents, mais aussi de les former”, de dire Pirro.
“Nous devons former des jeunes qui seront des battants, et aussi qui seront disposés à tout donner. Selon moi, les jeunes pilotes sont beaucoup trop protégés par leurs parents. Je veux dire qu’on ne les laisse pas se débrouiller, et qu’on les excuse pour tout. Cela vient peut-être de l’ancienne génération qui a eu la vie dure et qui désire un peu trop aider ses rejetons. Je ne sais pas."
"Est-ce que la jeune génération voudra tout sacrifier et se battre férocement pour obtenir ce qu’elle désire? Je veux dire, voudra-t-elle réellement se battre? Ce que je vois aujourd’hui va à l’encontre que mon éducation. Il n’y a plus de règles de vie, la mauvaise conduite est tolérée, et j’en passe. Selon moi, cette situation ne facilite pas l’émergence de sportifs disciplinés, talentueux et déterminés.”
Est-ce le sport et ses dirigeants qui doivent désormais tenter de changer cette culture? Est-ce qu’un message plus clair provenant des idoles et stars de jeunes pourrait changer quelque chose?
“Je ne suis pas convaincu que le sport automobile envoie bien le message qu’il est extrêmement dur d’y arriver”, affirme Pirro. "On voit les héros, les vedettes, qui possèdent fortune et la célébrité, mais le message que la route fut difficile pour y arriver est éclipsé, n’est-ce pas?"
Pilote d'essais McLaren
“À titre d’exemple, j’ai été choisi comme pilote d’essais de l’écurie McLaren-Honda [durant les années 80]. J’ai alors constaté le niveau de détermination, d’investissement personnel et de désir de vaincre que possédaient [Alain] Prost et [Ayrton] Senna. Ils avaient évidemment reçu un très grand talent de Dame Nature, mais c’est en les côtoyant que j’ai réalisé ce petit extra qu’ils possédaient, et cela paraissait par leur intelligence et leur éthique de travail. Travailler encore plus fort pour améliorer sa technique, travailler sa condition physique, comprendre la mécanique sont des messages qui ne passent pas bien en ce moment, et c’est ce que je constate du côté du sport automobile italien”.
Le temps dira si Pirro, ou une autre personne, pourra réussir à aider un jeune talent à émerger de ce pays habité d’une grande passion et d’un riche héritage. Car mis à part Ferrari, c’est la désolation.
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