Colin Chapman, un homme charismatique
En plus d’évidentes qualités en tant qu’ingénieur et homme d’affaires, Colin Chapman était pourvu d’un charisme assez rare.
Photo de: Eric Koch
Contrairement à certains propriétaires d’écurie actuels, Chapman exigeait d'être au courant de tout ce qui se passait chez Team Lotus, et s’impliquait dans toutes les discussions et décisions.
L’une de ses grandes qualités était sa capacité à motiver les gens pour qu'ils réalisent ce qu’ils ne pensaient même pas être capables de faire. Si l’on disait à Chapman “C’est impossible”, il rétorquait toujours “Pourquoi ?”. Et si l’on voulait le faire exploser, il suffisait de dire que quelque chose était “suffisamment bien”, car pour Chapman, ça ne l’était certainement pas. Cette haute exigence eut l’effet positif d’imposer un niveau de qualité chez Lotus.
Bien entendu, il n’était pas toujours facile de collaborer avec lui. Il était difficile pour lui d’accepter que tout le monde ne puisse pas travailler au même rythme que lui. À partir du moment où Chapman commença à avoir des cheveux blancs, il fut même surnommé “la Tornade Blanche”, en référence à la façon qu’il avait de se précipiter dans les bureaux ou dans l’atelier. On le savait néanmoins avoir bon fond, et l’atmosphère était plus vivante que tendue chez Lotus.
Malgré ses grandes compétences (dont une mémoire exceptionnelle grâce à laquelle il pouvait réciter un texte mot pour mot après l’avoir lu), Chapman n’était pas arrogant. Si quelque chose n’était pas dans son champ de compétences, il n’hésitait pas à se rendre à la bibliothèque ou dans un centre de recherche, jusqu’à trouver la réponse qui lui manquait.
Un brainstorming permanent
En dépit de cette érudition, il arrivait de temps à autre qu’on ne lui fasse pas totalement confiance chez Team Lotus. À tort, comme l’a expliqué son bras droit et successeur Peter Warr.
“Ce qui était le plus agaçant avec lui, c’est qu’il pouvait arriver avec une idée complètement folle, et on se disait : ‘Il débloque ! Je vais aller m’expliquer avec lui’, mais neuf fois sur dix, on se rendait compte qu’il avait raison. Si on parvenait à travailler avec lui, et à y survivre assez longtemps, on se rendait compte qu’il était incroyablement intelligent.”
“Il venait au bureau d’études, regardait par-dessus l’épaule du dessinateur, et disait ‘Le concept global de ce que je cherche, c’est ça’, mais par la suite, il pouvait très bien revenir et dire ‘Non, non, ce n’est pas ça que je veux !’. Il attrapait alors un crayon et dessinait un croquis sur la planche du dessinateur. Si ce dernier ne faisait pas exactement ce qu’il avait à l’esprit, il insisterait encore et encore jusqu’à l’obtenir.”
“Si quelqu’un d’autre avait une idée, il l’écoutait. Puis il s’absentait, et quand il revenait, il disait ‘Pourquoi est-ce qu’on n’irait pas encore plus loin, pourquoi est-ce qu’on ne le ferait pas comme ça ?’ et tout d’un coup, on se rendait compte qu’il avait encore raison.”
C’est dans ce genre de situation que Chapman a acquis la confiance indéfectible de tous, et a forgé un mythe que le monde de la F1 n’a pas oublié.
“S’il était arrivé dans l’atelier en disant ‘Bon, les gars, aujourd’hui je veux que vous me suiviez et sautiez de cette falaise’, la plupart des employés l’auraient fait”, affirmait Warr. “Pas parce qu’ils étaient stupides et qu’ils suivaient aveuglément, mais parce qu’ils étaient convaincus qu’encore une fois, il savait quelque chose qu’ils ne savaient pas. Ils faisaient donc confiance à sa solution.”
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