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Las Vegas 1982, clap de fin sur une saison pas comme les autres

Le 25 septembre 1982, le Grand Prix de Las Vegas mettait le point final à une saison tout aussi dramatique que rocambolesque et voyait Keke Rosberg émerger en vainqueur surprise d'un titre acquis dans la douleur.

Keke Rosberg, Williams FW08

Photo de: LAT Images

L'année prochaine, plus de quarante ans après, la Formule 1 fera son grand retour à Las Vegas. Destination ô combien emblématique, la "ville du vice" entre pleinement dans le projet de Liberty Media, en étant l'exemple quasi paroxystique de ce que la discipline recherche ardemment ces dernières années : une "ville-destination" prisée, mondialement connue, américaine, qui accueille un tracé urbain sur et avec en toile de fond le fameux "Strip", cette artère où se concentrent certains des plus grands hôtels et casinos du monde. Et tout cela de nuit.

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En 1982, pour la seconde saison de suite, le Championnat du monde n'avait pas tout à fait droit au même écrin, pour ce qui était alors sa finale : faute de mieux, c'est sur le parking d'un des célèbres casinos de la capitale du Nevada, le Caesars Palace (qui donnait aussi son autre nom à l'épreuve, intitulée "Grand Prix du Caesars Palace"), que serpentait une piste qui avait plus à voir avec les circuits de karting qu'autre chose.

Le Caesars Palace sur le parking duquel le circuit est dessiné

Le Caesars Palace sur le parking duquel le circuit est dessiné

Scène idéale pour saison atypique

Mais finalement, ce circuit atypique, peu aimé des pilotes pour son côté répétitif, artificiel, sa difficulté physique, son climat chaud, situé dans la ville des jeux de hasard, était peut-être la conclusion idoine pour une saison aussi rude et aléatoire que cette campagne 1982. Même sans revenir sur l'intégralité des événements d'une campagne qui a notamment vu les décès de l'emblématique Gilles Villeneuve et du quasi anonyme Ricardo Paletti, ainsi que l'accident effroyable du leader du championnat Didier Pironi, dresser le tableau de cette finale suffit à en démontrer le caractère escarpé.

Aux points, trois pilotes pouvaient officiellement être encore titrés : le grand favori Keke Rosberg (Williams), Pironi (Ferrari) et John Watson (McLaren). D'emblée, il faut évidemment préciser que Pironi, bien qu'à seulement trois points de Rosberg, ne serait pas sacré : l'accident des essais d'Hockenheim, dans lequel il a bien failli perdre ses jambes, l'a obligé à déclarer forfait pour la fin de la saison alors même qu'il en était le solide leader. Et, on ne le savait pas encore à l'époque, cet accident mettra fin à sa carrière en F1.

Watson était donc l'adversaire le plus redoutable pour la Williams frappée du numéro 6. Mais avec neuf points de retard (l'équivalent d'une victoire à l'époque), il devait à la fois l'emporter et espérer que Rosberg n'inscrive aucun point. Toutefois, Frank Williams ayant entamé une procédure pour contester la disqualification du Finlandais lors du GP du Brésil (la seconde épreuve de la saison), même un 9-0 de Watson aurait pu, potentiellement, ne pas suffire. Et pour compliquer les choses encore plus, Niki Lauda, qui accusait officiellement 12 points de retard sur le leader du classement, n'était en réalité peut-être pas totalement exclu puisque Ron Dennis, le directeur de McLaren, avait aussi déposé une réclamation, auprès de la FIA, contre la disqualification de Zolder (cinquième épreuve de la saison).

 

Dans ce contexte, et dans des conditions climatiques extrêmement chaudes sur un tracé lui-même ultra-exigeant physiquement en raison à la fois des force g qu'il exerce sur les pilotes et de son sens anti-horaire inhabituel, le week-end est dans un premier temps dominé par les Renault RE30B à moteur turbo d'Alain Prost et René Arnoux, qui monopolisent aisément la première ligne dans cet ordre, devant l'étonnante Tyrrell 011 à moteur Cosworth pilotée par Michele Alboreto. Il fallait descendre au sixième rang pour trouver trace de Rosberg et au neuvième pour apercevoir Watson.

Qu'importe ce qui pouvait se passer sur le plan des procédures engagées par les uns et les autres, Rosberg avait l'opportunité de sceller le titre en inscrivant les deux points de la cinquième position, dans ce que le célèbre commentateur britannique Murray Walker avait présenté (dans une phrase pouvant résumer la saison entière) comme un GP où "la survie du plus apte" serait la règle et où "presque tout le monde peut l'emporter".

La course

Départ du GP de Las Vegas 1982

Départ du GP de Las Vegas 1982

Au départ, les Renault conservèrent la tête et leur position respective, devant un Alboreto qui résista à un contact avec la Ligier d'Eddie Cheever. Progressivement, les voitures jaunes s'échappèrent, Arnoux s'emparant des commandes dès le second tour. Derrière, Rosberg figurait en septième place et encore plus loin, au 12e rang, l'on retrouvait Watson dont le départ n'avait pas été idéal. Le Nord-Irlandais, contraint à l'exploit, allait déployer son rythme en remontant progressivement dans la hiérarchie, se jouant quasiment coup sur coup de Derek Daly, Derek Warwick, Nelson Piquet puis Keke Rosberg lui-même dans les 15 premiers tours, pour remonter dans le top 7.

C'est à ce moment-là que les choses ont bougé aux avant-postes : de plus en plus en difficulté, Arnoux dût céder les commandes à Prost. Il maintint la seconde place quelques tours de plus mais finit par devoir mettre pied à terre, victime d'un problème moteur. Dans le même temps, la remontée de Watson se poursuivait : passant Mario Andretti (Ferrari) et Cheever puis profitant de l'abandon de Riccardo Patrese, il se hissa sur le podium provisoire, mais à une trentaine de secondes de la tête. Insuffisant pour espérer le titre, d'autant que Rosberg était désormais dans les points.

Comme un autre symbole de cette saison 1982, l'infortune de Ferrari va jouer en faveur du Finlandais. Ne disposant que d'une seule monoplace en course (Patrick Tambay a dû renoncer en raison de douleurs persistantes au cou), mais très bien placée pour remporter tout de même le classement constructeurs, la Scuderia est représentée à Las Vegas par le vétéran Mario Andretti, 42 ans, et qui s'apprête à disputer son ultime GP. Auteur d'un début de course solide, il naviguait à la cinquième place au 27e des 75 tours prévus quand sa suspension arrière lâcha alors qu'il se trouvait justement devant Rosberg. La Williams évita la Ferrari en perdition mais l'Américain devait abandonner.

Keke Rosberg

Keke Rosberg

Le leader du championnat se retrouva alors exactement où il devait être pour assurer son sacre, dans un no man's land confortable. Devant, Prost tenait toujours les commandes mais allait commencer à subir la surchauffe de ses freins et surtout le salissement de ses pneus Michelin qui ramassaient beaucoup de débris ; il dût ralentir nettement le rythme et les 14 secondes d'avance qu'il avait longtemps eu sur Alboreto commencèrent à fondre. Dans le même temps, Watson gagnait du terrain sur le duo de tête.

Au 52e tour, Alboreto s'empara pour la première fois des commandes dans un Grand Prix de F1 et s'échappa rapidement face à Prost. Ce dernier ne tarda pas à voir Watson débouler à son tour et ne faire qu'une bouchée de lui au 56e passage. La question était désormais de savoir si Watson, qui accusait 11 secondes de retard sur l'Italien, pouvait aller chercher la victoire. Un succès qui, s'il s'était matérialisé, n'aurait à ce moment-là pas été suffisant sans un problème pour Rosberg.

Mais rapidement, Watson, lui aussi chaussé de pneus Michelin (contre les Goodyear pour Alboreto), fut frappé par les mêmes difficultés que Prost : l'écart passa en une douzaine de tours à quasiment trente secondes avec la Tyrrell. Les dernières boucles virent la plupart des leaders ralentir pour diverses raisons : Alboreto pour assurer un inespéré premier succès, plus de quatre ans après le dernier de son écurie, Prost pour ne pas subir de malaise et Rosberg pour se diriger vers le titre, malgré une crampe au pied droit.

Les jeux sont faits

L'équipe Tyrrell fête la victoire d'Alboreto, avec Ken Tyrrell au premier rang (avec le casque blanc)

L'équipe Tyrrell fête la victoire d'Alboreto, avec Ken Tyrrell au premier rang (avec le casque blanc)

Quand Alboreto franchit la ligne d'arrivée au 75e tour, ce fut la délivrance pour l'écurie de Ken Tyrrell, qui n'avait plus été à pareille fête depuis la victoire du regretté Patrick Depailler au GP de Monaco 1978. L'Italien devint le 11e vainqueur différent en 16 GP. Derrière, Watson et Cheever complétèrent le podium, et quand Rosberg passa sous le drapeau à damier (ainsi que sous les drapeaux britannique et saoudien brandis par l'équipe Williams), quelques secondes après Prost, il laissa éclater sa joie en levant les bras au ciel, son improbable titre étant assuré.

Même s'il n'était pas sur le podium de la course, Rosberg fut convié à s'y présenter pour célébrer son titre et il y croisa notamment la chanteuse Diana Ross. Le glamour à l'américaine n'est pas qu'une préoccupation actuelle.

Auteur d'un seul succès sur la campagne, au volant d'une Williams loin d'être la meilleure monoplace (notamment à cause d'un V8 Cosworth dépassé par les turbos) mais plutôt fiable et régulière, Keijo dit "Keke" aura fait montre lors de cette saison de qualités inestimables lorsque la performance pure n'est pas le seul juge de paix, comme la ténacité et l'opportunisme. La chance aura aussi bien entendu joué un rôle important. Et, si du côté de Ferrari le titre constructeurs est finalement assuré comme lot de consolation en dépit d'un zéro pointé final, notamment grâce au travail titanesque de Patrick Tambay pour relever la Scuderia après Hockenheim, la saison s'acheva dans une certaine amertume.

Du côté de Las Vegas, après l'édition 1982, l'heure était venue d'arrêter les frais : au sens propre, puisque dès 1981 il apparut clairement que l'épreuve était un gouffre financier, incapable d'attirer les spectateurs. Ainsi, ce sont 30'000 spectateurs qui étaient présents ce dimanche de septembre 1982 pour la finale du Championnat du monde, le chiffre le plus faible, et de loin, de la saison.

Keke Rosberg, Diana Ross et Michele Alboreto

Keke Rosberg, Diana Ross et Michele Alboreto

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