Avoir un pilote français n'est pas la priorité pour Renault
L'objectif à court terme est de retrouver le podium, et pour ce faire, le Losange fait confiance à Daniel Ricciardo et à Nico Hülkenberg. La question d'avoir un pilote français à tout prix n'est donc pas d'actualité à Enstone.
Photo de: motosport.com
Un pilote français titulaire chez Renault F1 Team, voilà longtemps que ce n'est pas arrivé. Outre l'intérim infructueux de Romain Grosjean fin 2009, il faut remonter à Patrick Tambay en 1985 pour retrouver la dernière fois qu'un tricolore a arboré le jaune de la marque. Et malgré la présence des prometteurs Anthoine Hubert et Victor Martins au sein de la Renault Sport Academy, ce n'est manifestement pas la priorité à moyen terme.
En recrutant Daniel Ricciardo aux côtés de Nico Hülkenberg pour la saison 2019, la structure d'Enstone a effectivement formé un duo composé de deux pilotes très bien cotés, alors qu'elle s'efforce de retrouver le chemin du podium – sa dernière arrivée dans le top 3 date de l'ère Lotus, avec la troisième place de Romain Grosjean au Grand Prix de Belgique 2015.
"Nous avons deux pilotes qui sont capables de nous amener sur le podium", juge Jérôme Stoll, président de Renault Sport Racing, pour Motorsport.com. "Ricciardo parce qu'il y est déjà allé ; Hülkenberg parce que c'est un pilote mature, qui est challengé maintenant par Daniel, et qui progresse encore beaucoup, non seulement sur sa qualité de pilotage mais aussi sur sa capacité à nous faire du feedback pour améliorer le véhicule. Nous avons donc les bons pilotes pour aller sur le podium."
Entre les lignes, Stoll ne manque pas d'insinuer que Carlos Sainz et surtout Jolyon Palmer n'ont pas suffisamment poussé Hülkenberg dans ses retranchements. En attendant, si le duo actuel est satisfaisant, il faut composer avec les attentes d'une marque française qui tient à honorer ses racines mais pour qui le marché chinois est particulièrement important ; c'est pourquoi Renault a pris sous son aile Guan Yu Zhou et Yifei Ye, qui sont les représentants de leur pays les plus à même d'atteindre la Formule 1 à long terme. Quant à l'aspect tricolore, il n'y a apparemment aucun regret quant au fait d'avoir abandonné des négociations avancées avec Esteban Ocon l'été dernier.
"Je suis balancé entre deux pressions, qui sont toutes deux légitimes", poursuit Stoll. "J'ai eu un président [Carlos Ghosn, ndlr] pendant des années qui m'a toujours dit : 'Écoutez, la stratégie du groupe c'est la Chine, il faut un pilote chinois'. Puis j'ai une équipe qui est légitimement sous pression de dire : 'Attendez, nous, si on fait de la Formule 1, c'est pour gagner'. Un pilote chinois pour gagner, aujourd'hui, ce n'est pas possible."
"Nous essayons donc de prendre les pilotes qui correspondent à notre stratégie. S'ils sont français, c'est bien ; s'ils sont allemand et australien [comme Hülkenberg et Ricciardo, ndlr], c'est bien. Aujourd'hui, énormément d'encre a coulé sur le fait de prendre un pilote français [Esteban Ocon, ndlr] pendant un moment donné, et finalement on nous a reproché d'avoir pris un pilote australien. Mais Ricciardo, aujourd'hui, est mieux que ce que nous avions en hypothèse. Nous avons donc pris quelqu'un qui peut nous faire gagner."
"Est-ce qu'un pilote français, demain, pourra attendre le même niveau qu'eux deux ? Ce n'est pas exclu. Je ne ferme aucune porte. Je peux vous dire que j'ai une pression du marketing de la France ! C'est vrai que vous, journalistes français, vous parlez surtout des pilotes français et pas des écuries françaises. De temps en temps, je le regrette : les écuries françaises, c'est aussi important que les pilotes français. La porte n'est donc pas fermée, mais pour moi, le problème en tant que président de Renault Sport Racing, c'est de trouver les moyens d'arriver sur le podium. Et aujourd'hui, Ricciardo et Nico sont les meilleurs pilotes pour y arriver."
Propos recueillis par Ayrton Lemaire
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