Comment le marché des transferts a pesé sur la saison
Douze pilotes vont revêtir de nouvelles couleurs en 2017, et non des moindres. Certains de ces transferts, signés tôt dans la saison, ont eu des conséquences sur le fonctionnement des équipes de pointe, voire sur les performances de chacun.
Photo de: Gold and Goose / Motorsport Images
MotoGP 2017
Si la saison 2017 de MotoGP est aussi bonne que la cuvée 2016, l'année s'annonce exceptionnelle ! Le Champion du monde Marc Márquez tentera de s'adjuger un quatrième titre en catégorie reine. <br><br>Retrouvez toutes les infos, photos et vidéos de la saison 2017 du championnat n°1 de moto !
La période des transferts s'est déroulée de manière inédite cette saison, débutant avant même que le coup d'envoi du championnat soit donné, là où la coutume incite habituellement à patienter jusqu'au milieu de l'été.
Le transfert majeur de ces derniers mois est bien entendu l'arrivée de Jorge Lorenzo chez Ducati, avec qui il fait ses débuts ce mardi. L'Espagnol quitte Yamaha, une équipe qui l'avait accueilli en 2008. La signature du contrat, à la mi-avril, mettait de facto la relation entre le pilote et son encadrement dans un contexte particulier. Impossible pour Lin Jarvis, patron de la marque en MotoGP, de faire fi de cette annonce sur les courses qui restaient alors à disputer.
"Pour gagner à ce niveau, il faut que tout soit parfait, et être totalement concentré", analyse avec le recul le directeur général de Yamaha Motor Racing. "C'est difficile de juger l'effet que cela a eu sur sa saison, mais il a définitivement eu une distraction. Il n'y a pas l'ombre d'un doute là-dessus."
"Peut-être que vous avez 95 % de vos pensées qui se dirigent vers le travail, mais 5 % vont vers votre futur. Vous regardez la Ducati, vous essayez de voir ce qu'elle peut faire. Je ne peux pas dire quelle influence a eu cette signature sur son année. Cependant, c'est plus facile, aussi bien pour nous que pour le pilote, de gérer la saison quand on sait que nos hommes vont continuer à nos côtés", certifie Jarvis.
Comme le reconnaît Paolo Ciabatti, directeur sportif de Ducati Corse, le bénéficiaire de ce transfuge n'a pas eu la partie facile. "C'était une décision difficile à prendre, mais la vie demande parfois de tels choix. Ce n'est jamais facile, lorsque vous avez deux pilotes très rapides. Parfois des opportunités apparaissent. Il y en avait une pour signer Jorge. Nous ne pouvions pas attendre trop longtemps, c'était le bon moment", se rappelle l'Italien.
Il a ensuite fallu choisir l'identité de l'équipier de Lorenzo pour les deux saisons à venir. Finalement, Andrea Dovizioso a été préservé dans l'écurie de Borgo Panigale, tandis que Andrea Iannone a été prié de trouver un autre box. "Je regrette qu'Andrea nous quitte, car il a permis à Ducati de gagner à nouveau, pour la première fois depuis 2010", rappelle Ciabatti. "Je suis certain qu'il sera très compétitif sur la Suzuki. Il sera un de nos plus sérieux adversaire. Mais c'est la vie, il faut l'accepter et terminer la saison de façon positive. Nous penserons à 2017 la semaine prochaine."
Suzuki ne voulait pas changer de pilotes
L'avenir, Davide Brivio a dû s'en occuper dès les premières courses. Le team manager de Suzuki a un avis tranché sur les événements qui l'ont conduit à signer Iannone et Álex Rins pour 2017. "On a été très affectés par toute cette situation. Tout le monde savait qu'il y avait une place de libre chez Yamaha", explique Brivio, qui a dû attendre le mois de mai avant que son pilote de pointe fasse son choix.
"Maverick Viñales a décidé de saisir cette opportunité, ce que je comprends tout à fait. Par contre, nous avons quelque peu souffert de cela, car ce transfert s'est déroulé trop tôt dans la saison", souligne l'Italien. "Le marché des transferts a démarré prématurément ! Cela a contraint les pilotes et les équipes à prendre leur décision suivant les performances de 2015. En mai, les choix étaient faits, alors que n'avions fait que cinq courses."
Le manager de Suzuki révèle également qu'il comptait poursuivre avec le même duo de pilotes, en place depuis le retour de la marque dans la catégorique. "Notre idée, c'était de garder la stabilité dans le team, avec Maverick et Aleix Espargaró. Maverick s'en allait, on devait donc prendre une nouvelle décision. On a décidé de relever un nouveau challenge, et d'être créatif pour se mesurer aux équipes de pointe."
"L'opportunité de signer Iannone était fantastique, car on considère qu'il est capable de gagner, si on lui donne la bonne moto", pointe-t-il. "Nous avons aussi pris Rins, qui est très talentueux et jeune. On peut essayer de faire à nouveau grandir un jeune pilote." Brivio tentera donc de doubler la mise, après avoir emmené le meilleur rookie de l'exercice 2015, Viñales, vers sa première victoire en Grands Prix à Silverstone, en septembre dernier.
Stabilité bienvenue pour Honda
Seule équipe de premier ordre à préserver sa paire de pilotes, Repsol Honda n'a pas à se plaindre, comme l'explique Livio Suppo. "Marc Márquez souhaitait clairement rester avec nous. On a été chanceux, car Marc est quelqu'un de spécial ! Dani Pedrosa était aussi un choix naturel. Cela fait de nombreuses années qu'il est dans notre structure (depuis 2006, ndlr) ; de plus, ils entretiennent une très bonne relation. C'est quelque chose de très important ; on sait que ce n'est pas évident de gérer les pilotes lorsqu'ils ne sont pas les meilleurs amis du monde", explique le team manager.
Fait à signaler, Honda a reconduit les contrats des cinq pilotes actuels (les officiels, mais aussi Cal Crutchlow, Jack Miller et Tito Rabat). "La moto devient de plus en plus efficace. C'est important de garder le même line-up de coureurs et de construire là-dessus", assure Livio Suppo.
Dernier constructeur représenté cette année en MotoGP, Aprilia a totalement changé son duo de pilotes. "Cela n'a pas été facile pour Stefan Bradl et Álvaro Bautista", reconnaît Romano Albesiano, responsable d'Aprilia Racing. "Ils savaient qu'il n'allaient pas continuer avec nous en 2017, et ce pendant plus de la moitié de cette saison. Je dois les remercier car ils ont été très professionnels. Ils sont restés concentrés, même dans notre phase de développement."
"Nous avons choisi Aleix Espargaró car nous le connaissons bien, il est rapide. Concernant Sam Lowes, il est jeune mais nous avons beaucoup d'attentes pour la suite. Nous attendons des améliorations sur la moto", précise Albesiano.
Rarement en MotoGP aura-t-on assisté à un si grand jeu de chaises musicales, sachant que sept pilotes changent d'équipe, quatre rookies arrivent et un ancien, Karel Abraham, revient. Voilà qui ouvre le champ des perspectives pour la saison prochaine !
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