Des progrès pour Aprilia malgré un classement peu reluisant

Pour la troisième saison de son programme MotoGP, Aprilia a soufflé jusqu'ici le chaud et le froid, affichant à la fois un niveau de performance tout à fait honorable, tout en montrant également quelques signes de faiblesse pour concrétiser par des résultats bruts en course cette bonne forme. 

Actuellement 11e du championnat teams, avec 34 points, les ambitions de la marque italienne reposent pour le moment uniquement sur le pilote le plus expérimenté de son line-up, à savoir Aleix Espargaró, qui a rejoint l'équipe cette saison après un passage de deux saisons chez Suzuki. 

Occasions manquées pour Aprilia

Une collaboration qui a débuté sur les chapeaux de roues, l'Espagnol égalant le meilleur résultat obtenu jusqu'ici dans la catégorie reine par les troupes de Noale dès la première course, au Qatar, avec une sixième place. Mais si le numéro 41 a connu ensuite d'autres éclairs de génie, avec notamment trois autres top 10 à son actif, il a aussi essuyé pas moins de quatre abandons.

Et si deux de ces retraits ont été imputables à sa machine, et plus précisément au moteur de la RS-GP, avec une casse à Jerez puis en Catalogne, l'Ibère n'est pas non plus exempt de tout reproche, comme par exemple en Argentine, où il s'est accroché avec Andrea Dovizioso, ou bien encore au Mugello, où il a pris un départ anticipé avant de se faire logiquement sanctionné d'un ride-through. 

Reste que la RS-GP semble avoir fait un bond en termes de performance, comme en témoignent les cinq passages en Q2 d'Espargaró en neuf courses. "Jusqu'ici, cela a été plutôt une saison satisfaisante, en particulier en termes de performance pure", analyse ainsi le patron d'Aprilia Racing, Romano Albesiano, au micro du site officiel du MotoGP. "Nous avons réalisé de bonnes performances en essais et en course."

Une bonne tenue qui s'explique en partie par l'intense programme de développement auquel s'astreint l'équipe transalpine, et qui s'est matérialisé jusqu'ici par l'apport de nombreuses améliorations, que ce soit au niveau du châssis que de la boite de vitesses. "Cette année, la moto a fait un bon pas en avant en matière de maniabilité et au niveau du moteur. Quant à l'électronique, on était déjà pas mal à ce niveau là auparavant. Nous sommes donc vraiment contents", confirme ainsi l'Italien. 

Celui-ci reconnaît d'ailleurs que sa structure pourrait évoluer à une place plus élevée dans la hiérarchie si ses machines étaient parvenues à confirmer davantage en course leurs bonnes dispositions observées lors des essais. "Il nous faut juste être un peu plus solides pour prendre les résultats. Le principal défi pour nous était de réduire l'écart avec les gars de devant, donc nous sommes très satisfaits."

Mais si Aprilia est passé à côté de plusieurs occasions de bien figurer cette saison, elle doit aussi composer avec l'inexpérience de Sam Lowes, en grande difficulté depuis ses débuts dans la catégorie reine en début d'année. 

L'Anglais, cinquième du Moto2 l'an passé, a notamment souffert de ne pas disposer du même matériel que son coéquipier, ce qui a entraîné un delta de performance plus ou moins important selon les courses.

Pour l'heure, celui-ci semble abonné au fond de grille en qualifications, au contraire d'Espargaró, et n'est parvenu à faire son entrée dans les points en course qu'à une seule reprise, au Mans, avec une 14e place et alors que seuls 15 pilotes étaient parvenus à rallier l'arrivée.

Un bilan médiocre, même s'il faut tenir compte des circonstances, et qui a engendré des rumeurs sur un possible remplacement du numéro 22 dès la saison prochaine. La tension a ainsi atteint son paroxysme en marge du Grand Prix de Catalogne, Lowes y allant de sa sortie médiatique, avant de se faire recadrer par Albesiano, qui attend clairement plus de sa recrue cette saison. 

Difficile en effet de vouloir augmenter la cadence alors qu'on ne coure que sur une jambe, même si le patron italien reste indulgent envers le plus jeune de ses pilotes. "Aleix est un pilote expérimenté, il peut donc réaliser de bonnes performances immédiatement. Pour Sam, c'est sa première saison, et ce n'est pas si facile pour lui", tempère-t-il. "Mais il nous a envoyé de bons signaux en essais et en course, donc nous sommes confiants. Nous nous attendons à des progrès au niveau de la performance du moteur pour le reste de la saison."

L'enjeu de la seconde partie de saison pour Aprilia sera donc d'être en mesure de concrétiser les occasions qui s'offrent à l'équipe, et de pouvoir compter cette fois-ci sur ses deux pensionnaires. Si tel est le cas, tous les espoirs seront alors permis.