Schwantz aimerait dire à Iannone "ce que tout le monde pense"
L'ancien pilote, lié depuis toujours à Suzuki, exhorte l'Italien à réagir et à se retrousser les manches pour améliorer la situation. Ou bien à aller faire du kart…
Photo de: Gold and Goose / Motorsport Images
Alors que le championnat a passé le week-end dernier le cap de la mi-saison, le premier pilote Suzuki occupe la 16e place de la hiérarchie mondiale avec un total de 28 points. Il s'agit d'Andrea Iannone, leader de l'équipe du fait de son expérience en MotoGP, face à un coéquipier, Álex Rins, encore rookie. Or, il y a un an à pareille époque, Maverick Viñales, qui courait encore pour le team d'Hamamatsu, était cinquième du championnat en ayant déjà cumulé 83 points…
Le gouffre qui s'est creusé entre les deux situations est si marqué qu'il inquiète autant qu'il agace les observateurs. Et beaucoup pointent du doigt Andrea Iannone, à l'instar de Kevin Schwantz qui s'est livré à la presse en marge du Grand Prix d'Allemagne, et ce sans mâcher ses mots. "Je ne crois pas que la moto soit aussi inférieure à ses rivales, c'est Iannone qui s'est perdu parce qu'il semble vouloir une Suzuki qui se comporte comme la Ducati. Mais cette moto ne sera jamais une Ducati. Par contre, il devrait essayer d'en exploiter les points forts", suggère le Texan, cité par La Gazzetta dello Sport.
Après les qualifications du Sachsenring, celui qui a fait toute sa carrière mondiale avec Suzuki se désolait de la position des deux GSX-RR sur la grille : "Pour moi c'est une situation triste parce que je pense que l'on sait tous que la Suzuki n'est pas une moto faite pour se classer 16e et 22e. Elle vaut mieux que ça, on ne l'obtient tout simplement pas de nos pilotes."
Je sais par expérience que si les choses ne se passent pas bien, il n'y a qu'une façon d'en sortir : travailler.
Kevin Schwantz
"Je ne sais pas vraiment ce qui se passe dans l'équipe, je n'ai pas été assez proche d'eux, mais je sais par expérience que si les choses ne se passent pas bien, il n'y a qu'une façon d'en sortir : travailler", prévient le Champion du monde 1993. "Ce qui se passe est inconcevable. Et on ne peut pas en faire porter la responsabilité à Rins, qui débute, qui s'est blessé et qui se sent encore un peu fragile. Mais quelqu'un comme Iannone, avec de l'expérience et ce qu'il a fait par le passé, devrait être en train de travailler, faire plus de tours que tout le monde en essais. Pendant les essais sur le sec, il n'a pas fait 30 tours comme a pu le faire Márquez. Pourquoi ?"
Des excuses plus que des explications ?
Kevin Schwantz balaye d'un revers de la main les explications d'Andrea Iannone, et notamment le fait que celui-ci dise ne pas être suffisamment en confiance avec la Suzuki pour prendre des risques. "Alors il devrait aller jouer en karting", répond l'Américain. "Tu fais un travail dont rêvent des milliers de personnes, tu as un constructeur officiel, des dizaines d'ingénieurs qui travaillent pour toi et qui sont prêts à faire tout ce que tu leur demandes – si seulement ce que tu dis avais un sens et leur donnait une direction à suivre."
Après des essais d'intersaison encourageants, les performances du nouveau pilote Suzuki se sont graduellement effondrées et, avant même le début de la saison européenne, il pointait ses difficultés avec sa machine. Là encore, Schwantz n'est pas convaincu. "J'ai parlé avec lui à Austin, et il m'a dit 'Ah, je n'arrive pas à y croire, la moto ne s'arrête pas, ne démarre pas et ne tourne pas'", relate-t-il. "Ça n'a pas l'air très bon, mais ça se passait bien en essais. Rins était correct sur cette moto, lui [Iannone] était rapide. Au Qatar, il est rentré dans quelqu'un en milieu de virage… Le passage de courbe de la moto était plutôt bon là-bas."
Je serais content de lui dire ce que nous voyons tous, ce que tout le monde voit et pense. Il n'aimera peut-être pas ce qu'il entendra.
Kevin Schwantz
"Je suis sûr que ça n'est pas facile pour lui d'être assis une chaise et de voir les Ducati être aussi bonnes qu'elles le sont. N'oublie pas qu'ils t'ont viré", rappelle Kevin Schwantz, visiblement gêné par les responsabilités endossées par le constructeur d'Hamamatsu face à ces difficultés. "Les Japonais s'excusent le dimanche après la course. Ils n'ont aucune raison de s'excuser, ce devrait être à toi de t'excuser."
"Je serais content de lui dire ce que nous voyons tous, ce que tout le monde voit et pense. Il n'aimera peut-être pas ce qu'il entendra, mais…"
Iannone veut répondre aux critiques en piste
Peut-être pincé par ces propos que l'ancien pilote a tenus après les qualifications, Andrea Iannone a saisi son droit de réponse dimanche, après la course, en commençant par une petite pique à l'heure d'expliquer sa chute : "Il faut prendre des risques, alors on prend des risques. Je sais le faire."
Et de poursuivre : "J'ai toujours estimé Kevin comme personne et surtout comme pilote. Je suis désolé de ce qu'il a dit, mais je ne peux absolument rien faire. Étant donné qu'on s'est vu plusieurs fois ces derniers jours et que l'on travaille pour la même marque, j'aurais préféré qu'il me dise directement certaines choses en face, d'autant qu'il pourrait être mon père."
"J'aurais préféré avoir un rapport père-fils avec lui. J'ai compris que ça n'est probablement pas possible, ça ne fait rien", poursuit le pilote italien, qui s'est par ailleurs fendu d'un post à l'allusion limpide sur les réseaux sociaux. "J'accepte les critiques et je répondrai en piste, avec des faits, parce que je n'ai pas envie de parler de certaines choses qui ne servent qu'à mettre de l'huile sur le feu."
Schwantz compte sur Rins
En attendant la réaction d'Andrea Iannone en piste, Kevin Schwantz renouvelle son soutien à Álex Rins, qu'il espère voir rebondir après les vacances d'été, sachant que les débuts de l'Espagnol en catégorie reine ont été grandement marqués par les blessures.
"J'espère que la pause estivale donnera à Álex l'opportunité de retrouver la forme et qu'il retrouvera sa confiance. Peut-être qu'en revenant, après la pause, il sera ce jeune gamin que Maverick était au début", suggère le Texan, précisant immédiatement : "Je ne veux pas qu'Álex soit Maverick, je veux qu'Álex soit Álex, qu'il soit en forme et qu'il montre son vrai potentiel." La remarque confirme toutefois que le vide laissé par Viñales n'a, à ce jour, pas été comblé.
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