Au tout début du Championnat du monde de Formule 1, les pilotes, immensément courageux, portaient des casques de protection en métal, en forme de bol, issus de ceux portés par les soldats durant la Seconde Guerre mondiale. Puis, des matériaux composites, comme la fibre de verre, plus légère que le métal, servirent à fabriquer les casques de motos et ceux destinés aux courses de voitures.
Durant les années 80, le Kevlar fut employé dans la fabrication des coquilles rigides des casques intégraux, soulageant le poids de façon significative et offrant une bien meilleure protection en cas de choc. Au début des années 2000, la fibre de carbone fit son chemin dans les ateliers de fabrication des casques. Il s’agit du même matériau que celui utilisé pour produire une monocoque de F1, fait de filaments noirs de carbone incroyablement fins, tissés et noyés dans de la résine, puis cuits sous pression.
Le premier pilote à porter un casque intégral en F1 fut l’Américain Dan Gurney en 1968. Il commença à porter un heaume de la compagnie Bell, dérivé de celui conçu pour les courses d’IndyCar.
Le dernier pilote à avoir porté un casque ouvert fut le Finlandais Leo Kinnunen. Bon pilote d’Endurance, ancien vainqueur des 24 heures de Daytona, il pilota une Surtees TS16-Ford durant la saison 1974 de Formule 1 avec, sur sa tête, un casque ouvert et des lunettes de protection du pur style des années 60.
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Voici le casque dur qu’a porté Juan Manuel Fangio durant la saison 1952 alors qu’il courait chez lui en Argentine et en Amérique du Sud aux commandes d’une Ferrari 166 FL. Son casque était maintenu en place par des sangles de cuir.
En 1961, Stirling Moss portait ce casque ouvert, en forme de bol, à peine plus aérodynamique que celui de Fangio. Des lunettes de protection couvraient les yeux, mais tout le visage restait exposé aux éléments, comme la pluie et surtout les cailloux.
Jim Clark porte fièrement son fameux casque ouvert. Ce casque ressemble fortement de ceux de motos et couvrait les oreilles. Il s’attachait avec une jugulaire en nylon et était orné d'une courte visière de plastique.
Courant 1968, le pilote américain Dan Gurney cause une grande surprise en Formule 1 en apportant avec lui un casque intégral de marque Bell. Ayant souvent eu le visage bombardé de débris et de pierres lors de courses américaines, il eut vite compris les avantages que présentait un casque fermé.
Lors du Grand Prix d’Allemagne sur le terrible Nürburgring, Gurney devint le premier pilote de F1 à porter un casque intégral. Un an plus tôt, Swede Savage fut le premier pilote à porter un casque fermé lors d’une course d’IndyCar.
On voit ici Gurney au volant de sa McLaren M7A-Ford en action au Grand Prix des États-Unis sur le circuit de Watkins Glen. Gurney a porté ce casque noir durant toute la seconde moitié de saison 1968.
La visière qui protégeait les yeux n’offrait pas une grande protection à cette époque. D’ailleurs, Helmut Marko a perdu un œil quand une pierre, projetée à grande vitesse par un pneu de la voiture qui roulait devant lui, a perforé la visière de son casque. Par la suite, de nouvelles visières, plus épaisses et fabriquées en Lexan, ont offert une protection nettement supérieure.
En 1974, soit six ans après que Gurney ait porté un casque intégral en F1, le Finlandais Leo Kinnunen débarque en Grand Prix avec un casque... ouvert et des lunettes de protection !
Kinnunen était un très bon pilote d’Endurance. Associé à Pedro Rodriguez, il a gagné les 24 heures de Daytona, les 1000 km de Monza et de Brands Hatch sur une Porsche 917 en 1970. Il fut nettement moins performant en F1. Ses six participations se soldent par cinq non-qualifications et un abandon en Suède sur bris mécanique.
Kinnunen aux commandes de sa Surtees Racing TS16 à moteur Cosworth. Le Finlandais a déclaré : “Selon moi, les pilotes qui portaient un casque intégral étaient fous. Ces casques étaient lourds. J’étais sensible du cou et en portant un casque intégral, j’avais peur de me fracturer une vertèbre en cas d’accident. De plus, avec ce casque fermé, j’avais l’impression de manquer d’air”.
Fait intéressant : Leo Kinnunen se faisait surnommer “The Flying Finn” longtemps avant que Keke Rosberg, Champion du monde en 1982, et Mika Hakkinen, double Champion du Monde de F1, ne fassent de même.
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