Les 5 pilotes McLaren les plus importants de l'ère Dennis
Durant les presque quatre décennies de règne de Ron Dennis chez McLaren, nombreux sont les pilotes qui se sont glissés derrière le volant d'une monoplace de Woking. Mais cinq d'entre eux ont particulièrement marqué l'histoire de l'écurie britannique.
Photo de: LAT Images
La carrière de Ron Dennis en F1
Retour sur la carrière en Formule 1 de Ron Dennis, écarté de la tête de McLaren le 15 novembre 2016.
Il se trouve que ce club des 5 est constitué de ceux qui ont remporté au moins un titre mondial avec McLaren. Mais leur association avec cette équipe va bien au-delà de leurs résultats, en raison de leur histoire respective ou des liens qu'ils ont pu établir avec le maître des lieux.
Un an à peine après son rachat de McLaren, Ron Dennis a réalisé son premier fait d'armes en parvenant à convaincre Niki Lauda de sortir de sa retraite.
L'Autrichien avait quitté la Formule 1 quasiment sur un coup de tête, entre deux séances d'essais à Montréal où se déroulait l'avant-dernière manche de la saison 1979, lassé de “tourner en rond” - selon sa propre expression - et sans doute aussi d'une Brabham-Alfa plus du tout compétitive. Voulant se concentrer sur la compagnie aérienne qu'il avait créée, il avait fait une apparition sur le GP d'Autriche 1981 à Zeltweg. Aussitôt, la rumeur de son retour s'était mise à courir. Un retour motivé, disait-on, par les difficultés financières de Lauda Air mais aussi par... l'ennui, cette fois encore.
Niki Lauda, retour gagnant
Si les arguments financiers sonnants et trébuchants de son sponsor rouge et blanc furent sans doute d'une grande aide à Dennis pour convaincre Lauda de revenir, cela n'était pas gagné d'avance car les deux meilleures équipes britanniques du moment, Williams et... Brabham, qui s'était refait une santé au revenant au moteur Ford-Cosworth, étaient aussi sur les rangs. La garantie de disposer d'un moteur turbo, dont Lauda savait qu'il allait devenir incontournable, à l'horizon 1984 avait aussi eu son effet.
En attendant, c'est sur une MP4 équipée de ce même Cosworth que Lauda disputa la saison 1982 aux côtés de John Watson, qui avait signé la victoire inaugurale de cette première monoplace en fibre de carbone, due à John Barnard, à Silverstone l'année précédente. Qualifié seulement 13e à Kyalami, pour l'ouverture de la saison en Afrique du Sud, Lauda fit une remontée régulière qui, associée aux ennuis de quelques adversaires, lui permit de terminer à la quatrième place.
Et ce n'était pas fini. Ce n'était même que le début. Lauda allait s'imposer sans coup férir dès sa troisième course, à Long Beach pour le GP des États-Unis Ouest, puis plus tard à Brands Hatch. Watson, également vainqueur à deux reprises, fut en lice pour le titre jusqu'à la dernière course mais c'est bien Lauda, quatrième du championnat au terme d'une saison marquée par le décès de Gilles Villeneuve et par un nombre record de vainqueurs (11 en 16 courses), qui avait marqué les esprits.
Après une année 1983 sans victoire pour lui (une pour Watson) mais passée en grande partie à préparer l'arrivée du V6 TAG-Porsche turbo tant attendu et qu'il fit lui-même débuter en essais au cœur de l'été, Lauda disposa de l'arme absolue en 1984 avec la MP4/2. Mais il devait la partager avec un certain Alain Prost, qui avait remplacé Watson. Leur duel de générations est encore dans toutes les mémoires, McLaren établissant un nouveau record avec 12 victoires en 16 courses. Sept d'entre elles revinrent à Prost, mais c'est bien Lauda qui remporta le titre pour un demi-point. Tout comme le désormais triple champion du monde, Dennis avait gagné son pari.
Lauda disputa une saison de plus en 1985 mais ne put cette fois rien face au Français, ne remportant qu'une dernière victoire à Zandvoort aux Pays-Bas - la seule course où il se montra réellement dans le coup, et offrit une magnifique résistance à son équipier sur la fin.
Alain Prost, retour gagnant (bis)
Celui-ci avait été l'un des deux premiers pilotes de Ron Dennis en F1 quand l'Anglais avait pris les rênes de McLaren des mains de Teddy Mayer, avant les deux dernières courses de 1980. Équipier de Watson cette année-là pour ses débuts en GP, le Français avait souvent dominé l'expérimenté Irlandais, suscitant même son admiration. Mais plusieurs grosses sorties de piste dues à des ruptures mécaniques, ainsi que les blessures occasionnées, avaient entamé sa confiance et il ne pouvait refuser une offre alléchante de Renault pour 1981.
Trois ans plus tard, ce qui était encore la Régie nationale ayant essayé de faire passer son pilote comme unique responsable de leur échec au championnat en 1983 – tellement facile –, Dennis eut d'autant moins de mal à faire revenir le pilote de Saint-Chamond dans son équipe que toutes les places étaient prises dans les écuries de premier plan.
Vainqueur du premier GP puis encore à six reprises et vice-champion du monde, on l'a vu, en 1984, Prost dut se défaire de Michele Alboreto et sa Ferrari l'année suivante pour remporter son premier titre avec cinq succès à la clé. Mais sa deuxième couronne consécutive, en 1986, est restée encore plus célèbre car obtenue in extremis en se “faufilant” entre les plus rapides Williams-Honda.
Après une saison 1987 où faire des miracles n'était plus possible mais qui le vit égaler puis dépasser le record de victoires de Jackie Stewart (27) grâce à deux de ses trois succès, Prost put disposer à son tour du fameux V6 Honda que Dennis était parvenu à subtiliser à Williams. Mais la roue tourne en F1, et, tout comme Lauda avec lui quatre ans plus tôt, il dut le partager avec un nouveau venu nommé Ayrton Senna.
Ayrton Senna, le magicien
L'histoire de cette rivalité a largement dépassé le cadre de McLaren et de la Formule 1, et nous n'y reviendrons pas ici. On rappellera seulement que Prost, battu par Senna en 1988 (avec sept victoires contre huit en 16 courses, encore un record), coiffa sa troisième couronne l'année d'après face au Brésilien et... à son patron, qui avait pris fait et cause pour ce dernier - lequel resterait dans l'équipe l'année suivante tandis que lui prendrait la direction de Ferrari.
Prost et Dennis allaient se retrouver quelques années plus tard, le premier occupant un rôle de conseiller auprès des pilotes McLaren en 1995, et participant même à quelques séances d'essais.
Senna, lui, avait quitté Woking fin 1993, non sans avoir continué d'y écrire sa légende. Titré en 1990 et 91 (avec six et sept victoires), et puisque la roue tourne décidément bien en F1, il avait plié en 1992 face aux Williams équipées du V10 de Renault qui avait terrassé Honda. Il avait quitté McLaren sur deux victoires, portant son total à cinq cette année-là, au terme d'une année exceptionnelle pour lui avec un Cosworth “client” dans le dos. Il était littéralement tombé dans les bras de Dennis en Australie, où s'ensuivit l'accolade si longtemps attendue avec Prost sur le podium.
Mika Häkkinen, le miraculé
Arrivé cette année-là comme pilote d'essais puis équipier de Senna pour les trois dernières courses, Mika Häkkinen avait frappé les esprits en devançant le Brésilien - qui avait très moyennement pris la chose - à Estoril pour ses débuts à ses côtés. Devenu leader naturel de l'équipe en une difficile année 1994 avec le V10 Peugeot, puis encore en 95 avec Mercedes, le Finlandais, déjà très proche de Dennis, fut victime d'un effroyable accident lors du dernier week-end de course de la saison 95 en Australie - dont les cockpits relevés sur le côté et que l'on voit aujourd'hui sont la conséquence...
De retour en course dès le début de la saison suivante après une trachéotomie sur place en Australie, des semaines d'hôpital et une longue convalesence, Häkkinen accompagna et incarna la renaissance de ces McLaren devenues flèches d'argent en 1997, et remporta deux titres consécutifs en 98 et 99 avec 13 victoires à la clé. Battu par Michael Schumacher en 2000, celui qui était devenu le principal rival de l'Allemand décida, au terme d'une saison 2001 plus laborieuse, de prendre, avec l'aval de Dennis, ce qui ne devait être officiellement qu'une année sabbatique. Mais l'envie de revenir n'était pas assez forte.
Lewis Hamilton, l'enfant prodige
Le dernier de la liste, qui nous ramène à aujourd'hui, est bien sûr Lewis Hamilton. Tout le monde connaît la (trop ?) belle histoire du gamin de 13 ans qui aurait dit à Ron Dennis qu'il piloterait un jour une McLaren, et se souvient surtout d'une fabuleuse première saison en 2007 aux côtés (si l'on peut dire) de Fernando Alonso, puis du titre obtenu dans le dernier virage du dernier tour au Brésil face à Felipe Massa, l'année suivante.
Les liens qui unissaient le jeune Anglais à l'emblématique patron de McLaren, comme ses quatre illustres prédécesseurs, étaient très forts. D'ailleurs, quand Hamilton a quitté l'écurie pour Mercedes à la fin de 2012, celle-ci vivait une parenthèse durant laquelle son emblématique patron n'était plus aux commandes.
Leurs stats sous Ron Dennis
Pilote | Années | Saisons | Départs | Poles | Victoires | Podiums | MT | Points | Titres |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Niki Lauda | 1982-85 | 4 | 58 | 0 | 8 | 15 | 8 | 188 | 1 |
Alain Prost | 1984-89 | 6** | 96 | 10 | 30 | 62 | 24 | 425,5 | 3 |
Ayrton Senna | 1988-92 | 6 | 96 | 46 | 35 | 53 | 12 | 447 | 3 |
Mika Häkkinen | 1993-01 | 8*** | 131 | 26 | 20 | 51 | 25 | 407 | 2 |
Lewis Hamilton | 2007-08 | 2 | 35 | 13 | 9 | 22 | 3 | 207* | 1 |
MT = meilleurs tours en course. *Barème de points différent. **L'unique départ de Prost en 1980 n'est pas pris en compte. ***Huit saisons auxquelles s'ajoutent trois courses en 1993.
Be part of Motorsport community
Join the conversationShare Or Save This Story
Subscribe and access Motorsport.com with your ad-blocker.
From Formula 1 to MotoGP we report straight from the paddock because we love our sport, just like you. In order to keep delivering our expert journalism, our website uses advertising. Still, we want to give you the opportunity to enjoy an ad-free and tracker-free website and to continue using your adblocker.
Top Comments