Rins parviendra-t-il à faire oublier Viñales à Suzuki ?
Lorsque Suzuki a recruté Rins, courant 2016, Davide Brivio l'a inlassablement présenté comme le pilote avec lequel la marque d'Hamamatsu souhaitait reproduire ce qu'elle avait initié avec Viñales. Aujourd'hui, le pari semble réussi et le jeune Espagnol pourrait bien finir ce que son compatriote avait entrepris.
Photo de: Gold and Goose / Motorsport Images
Avec Álex Rins, Team Suzuki MotoGP semble bel et bien avoir trouvé une pépite en mesure d'écrire une nouvelle page de l'Histoire de la marque. En s'imposant à Austin, le jeune Espagnol a rejoint Chris Vermeulen et Maverick Viñales dans le cercle fermé des pilotes ayant connu la victoire avec Hamamatsu en MotoGP, mais c'est bien dans les pas de son compatriote qu'il s'inscrit directement.
Quand Suzuki reproduit avec Rins le même schéma qu'avec Viñales
En 2015, Maverick Viñales faisait, à 20 ans, ses débuts en MotoGP avec Suzuki, fort du titre Moto3 qu'il avait conquis deux ans plus tôt et d'une ascension fulgurante. Associé à Aleix Espargaró, il était alors l'atout jeunesse du constructeur japonais, et à eux deux ils allaient former un binôme vaillant, bientôt très en vue en qualifications comme en course. Si Espargaró a décroché la première pole de ce programme, c'est à Viñales que sont allés les succès en course, en l'occurrence un premier podium l'année suivante en France puis une première victoire quatre mois plus tard, en Grande-Bretagne.
Entre-temps, le pilote de Roses avait déjà annoncé son départ pour Yamaha, cédant aux sirènes d'un programme plus mûr, de pointe, et assumant par conséquent la possibilité de capitaliser sur sa montée en puissance avec une autre marque. Par effet de domino, Suzuki se voyait contraint de retoucher son line-up et décision était alors prise de reproduire le même schéma, en engageant le rookie Álex Rins, 21 ans, aux côtés de l’expérimenté Andrea Iannone.
La machine s'est quelque peu grippée, avec un choix de moteur préjudiciable pendant l'intersaison 2016-2017, alors que, Rins blessé, Iannone devait assumer seul la responsabilité d'une orientation technique lourde de conséquences sur une machine qu'il découvrait à peine. Passée une saison 2017 de transition, le retour des concessions réglementaires en 2018 (conséquence directe de la baisse des résultats) a libéré Hamamatsu et lui a permis d'opérer un nouveau rebond, dont l'onde se ressent encore aujourd'hui.
Après avoir obtenu son plus grand nombre de podiums l'an dernier, dont cinq décrochés sur les six derniers Grands Prix, Suzuki a placé la pépite Álex Rins dans le top 5 des deux premières courses de 2019 et l'a ensuite accompagné à Austin vers ce premier succès auquel il semblait désormais irrémédiablement destiné. Tandis que, dans le box voisin, se forme un nouveau rookie en la personne de Joan Mir, recruté lui aussi à 21 ans, le parcours de Rins suit une courbe comparable à celui de Viñales. Bien que sa première saison ait été perturbée par les blessures, le premier podium du numéro 42 est intervenu à sa 15e course, contre la 23e pour son prédécesseur, puis c'est à son 34e départ qu'il s'est imposé (contre le 30e pour Viñales).
Le parcours de Viñales et de Rins avec Suzuki :
Viñales | Rins | |
1re saison |
12e 97 points |
16e 59 points |
2e saison |
4e 202 points |
5e 169 points |
1er podium | 23e course | 15e course |
1re victoire | 30e course | 34e course |
Fort de sa victoire texane, Rins fait d'ores et déjà partie des pilotes avec lesquels Suzuki a connu le plus de succès durant l'ère MotoGP. Un seul podium lui manque désormais pour égaler le palmarès de Chris Vermeulen, avant sans doute de poursuivre son chemin en remportant d'autres récompenses.
Les victoires et les podiums MotoGP de Suzuki par pilote :
Pilote | Total | Victoires | 2e places | 3e places |
C. Vermeulen | 7 | 1 | 3 | 3 |
Á. Rins | 6 | 1 | 3 | 2 |
M. Viñales | 4 | 1 | - | 3 |
J. Hopkins | 4 | - | 1 | 3 |
A. Iannone | 4 | - | 1 | 3 |
K. Roberts Jr | 2 | - | 2 | - |
A. Ryo | 1 | - | 1 | - |
L. Capirossi | 1 | - | - | 1 |
Rins, celui qui franchira la dernière étape ?
Suzuki compte désormais 29 podiums en MotoGP, dont la moitié (14) a été signée ces trois dernières années. C'est Viñales qui a donné l'impulsion de cette série, en mettant fin en 2016 à une disette de huit ans, période durant laquelle la marque avait connu trois saisons sans récompenses, puis s'était éloignée du MotoGP durant trois ans.
Son compteur de podiums, Suzuki l'a ouvert dès le premier Grand Prix de l'ère MotoGP, en 2002, et ce grâce à son pilote essayeur, Akira Ryo, qui au guidon d'une GSV-R qu'il connaissait parfaitement pour l'avoir développée, avait terminé deuxième de son Grand Prix national, inscrit en tant que wild-card. Il y eut ensuite les derniers trophées que le Champion du monde 2000, Kenny Roberts Jr, a partagés avec Suzuki, avant que ne soit formé le binôme Vermeulen-Hopkins. Rythmée par l'émulation permanente entre eux, cette association restera longtemps comme la plus prolifique de l'ère moderne pour Suzuki, avec une saison 2007 passée à la postérité pour la victoire remportée sous le déluge du Mans par l'Australien, et qui venait s'ajouter à sept autres podiums (dont un double, à Misano) et à un doublé dans le top 6 du championnat (John Hopkins quatrième, Vermeulen sixième).
Les podiums de Suzuki en MotoGP :
Saison | Podiums | Grand Prix | Pos. | Pilote |
2002 | 2 | Japon Brésil |
2e 2e |
A. Ryo K. Roberts Jr |
2005 | 1 | Gde Bretagne | 2e | K. Roberts Jr |
2006 | 1 | Australie | 2e | C. Vermeulen |
2007 | 8 |
Chine France Gde Bretagne États-Unis Rép. Tchèque Saint-Marin Saint-Marin Valence |
3e 1e 3e 2e 2e 2e 3e 3e |
J. Hopkins C. Vermeulen C. Vermeulen C. Vermeulen J. Hopkins C. Vermeulen J. Hopkins J. Hopkins |
2008 | 3 |
Allemagne États-Unis Rép. Tchèque |
3e 3e 3e |
C. Vermeulen C. Vermeulen L. Capirossi |
2016 | 4 | France Gde Bretagne Japon Australie |
3e 1er 3e 3e |
M. Viñales M. Viñales M. Viñales M. Viñales |
2018 | 9 | Argentine Amériques Espagne Pays-Bas Aragón Japon Australie Malaisie Valence |
3e 3e 3e 2e 3e 3e 2e 2e 2e |
Á. Rins A. Iannone A. Iannone Á. Rins A. Iannone Á. Rins A. Iannone Á. Rins Á. Rins |
2019 | 1 | Amériques | 1er | Á. Rins |
Suzuki a désormais repris son ascension, avec à l'esprit les succès conquis à l'ère des 500cc et qui ne demandent qu'à être alimentés. Car ces trois victoires conquises depuis la création du MotoGP en 2002 comptent encore peu dans le total de 92 succès obtenus par la marque en catégorie reine, et ce sans compter les sept titres constructeurs décrochés consécutivement entre 1976 et 1982 et les cinq pilotes sacrés : Barry Sheene (1976 et 1977), Marco Lucchinelli (1981), Franco Uncini (1982), Kevin Schwantz (1993) et enfin Kenny Roberts Jr (2000).
Si l'on a un temps pu penser qu'avec Viñales les responsables d'Hamamatsu avaient trouvé le successeur des champions passés, lorsqu'il a signé sa première victoire avec Suzuki celui-ci était déjà sur le départ. Rins, lui, est engagé jusqu'à la fin de la saison prochaine et c'est peut-être en s'inscrivant dans la durée qu'il pourrait définitivement reprendre le flambeau de son (tout juste) aîné. "Nous avons toujours espéré que ce soit un projet qui dure longtemps", expliquait Shinichi Sahara, responsable du projet MotoGP du constructeur, au sujet de l'association Rins-Suzuki lorsqu'était annoncée la prolongation de son poulain il y a un an. Et de rappeler par ailleurs : "Nous avons débuté cette aventure avec lui, avec pour objectif de le voir évoluer en tant que pilote MotoGP, mais aussi de grandir et de nous développer à ses côtés."
Dans ce processus, Rins a indéniablement franchi une étape majeure en allant chercher sa première victoire, symboliquement arrachée à Valentino Rossi, qu'il assume avoir admiré en grandissant. Et s'il a marqué les esprits auprès des top pilotes, qui s'attendent à compter sur lui dans la course au titre, le numéro 42 semble avoir désormais tout en main pour franchir cette dernière étape que Suzuki a manquée avec Viñales.
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