Et si Audi jouait la musique de 2014 à l'envers?
Détrôné pour la première fois de son piédestal depuis la renaissance du Championnat du Monde d’Endurance il y a trois ans, Audi avait à cœur de retrouver son appétit d’ogre pour la saison 2015.
Photo de: Eric Gilbert
L’an passé, la firme d’Ingolstadt avait laissé Toyota, beaucoup plus rapide, s’emparer des lauriers mondiaux, mais les hommes du Docteur Ullrich n’avait pas manqué de garder leur emprise sur la terre mancelle, en s’imposant une fois de plus lors des 24 Heures du Mans. Et si le scénario était inverse un an plus tard?
Après avoir mis les bouchées doubles pendant l’hiver, la marque aux anneaux a mis en piste une R18 e-tron quattro au look affiné et plus agressif. Le constructeur allemand a surtout profité d’un gros travail de développement pour combler son retard sur Toyota, tout en pouvant s’appuyer sur une expérience de la course à la richesse inestimable.
D’entrée, les hommes d’Ingolstadt ont affiché leurs ambitions, et les deux premières manches du WEC ont à chaque fois délivré le même verdict : alors que Toyota s’est retrouvé hors du coup, Porsche a affiché une féroce rapidité, contrée par l’intelligence stratégique du Team Joest.
C’est ainsi que l’on a retrouvé l’équipage formé par André Lotterer, Marcel Fässler et Benoît Tréluyer sur la plus haute marche du podium à Silverstone comme à Spa-Francorchamps. Ce fut à chaque fois au terme d’un combat épique avec le cousin Porsche, que ce soit sur la piste roue contre roue, ou dans les stands.
Un travail de développement redoutable
Fidèle à sa motorisation Diesel, Audi a dû plancher sur l’optimisation aérodynamique pour compenser son déficit en matière de consommation. Aucun risque n’a été pris non plus en matière d’hybridation, même si le choix de passer de la catégorie 2MJ à 4MJ a bien entendu permis d’enregistrer des gains précieux.
L’un des secrets de la petite renaissance d’Audi est passé par les pneumatiques, un domaine sur lequel de nombreux efforts ont été portés, avec évidemment des essais poussés en partenariat avec Michelin, comme pour chaque constructeur du LMP1 qui utilise les gommes du manufacturier clermontois.
Pour rester maître dans son jardin manceau, dans lequel seul Peugeot l’avait détrôné en 2009, Audi a misé sur sa configuration typée Le Mans dès les 6 Heures de Spa, afin de tout préparer avec minutie. En arrivant dans la Sarthe avec deux victoires et en tête du championnat, avec le passé et le palmarès que l’on sait, la marque allemande était forcément favorite, même si la rapidité de Porsche avait de quoi l’effrayer.
Erreurs inhabituelles
Cela s’est vérifié, mais là où Porsche est parvenu à surprendre les troupes du Docteur Ullrich, c’est dans sa gestion stratégique de la course et dans son approche globale. En y ajoutant la vitesse pure, il était difficile de lutter. Le constat à faire est également celui d’erreurs inhabituelles commises chez Audi, ou de faits de course et de pénalité qui ont entravé le bon fonctionnement de ses machines, sans parler d’un léger manque de fiabilité qui est venu s’en mêler.
Les points doublés décrochés par Porsche au Mans ont ainsi permis au cousin-rival de s’emparer des commandes du championnat constructeurs. Surtout, pour aller reconquérir sa couronne, Audi devra assumer les conséquences d’une erreur de manipulation des scellés électroniques sur la R18 de Fässler-Lotterer-Tréluyer. En guise de sanction, une allocation moteur a été retirée, ce qui signifie qu’un seul bloc neuf est désormais à disposition de l’équipage pour les cinq manches restantes!
Les trois hommes ont pourtant des ambitions à faire valoir puisqu’avec leur podium manceau et leurs deux victoires, et compte tenu du fait que le trio Hülkenberg-Tandy-Bamber (Porsche) ne disputera pas la suite du championnat, ils disposent d’une avance de 23 points sur Lieb-Jani-Dumas (Porsche).
Une chose est sûre, tout sera mis en oeuvre du côté d’Ingolstadt pour récupérer un titre qui, s’il n’a pas la valeur d’une victoire au Mans, représente toutefois beaucoup.
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