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Séparation Tänak/Hyundai : quels effets sur le marché des transferts ?

Relativement calme jusqu'ici, le mercato du WRC a été revigoré à la suite de l'annonce du départ d'Ott Tänak de chez Hyundai. Une décision qui pourrait bien avoir de multiples implications sur le plateau de la saison 2023.

Ott Tanak, Martin Jarveoja, Hyundai World Rally Team Hyundai i20 N Rally1

Photo de: McKlein/LAT Images

Quelques heures seulement après avoir terminé quatrième du Rallye d'Espagne, Ott Tänak a annoncé qu'il était sur le point d'exercer une clause pour mettre prématurément un terme à son contrat avec Hyundai. Une décision osée de la part du Champion du monde 2019, et qui pourrait bien déclencher une série de changements dans les différents line-ups des équipes.

Le contexte de l'annonce surprise de Tänak

Avant d'évaluer les différentes implications sur le plateau WRC 2023, il est pertinent de revenir sur le pourquoi de cette situation. Le futur de Tänak en WRC a été incertain pendant plusieurs mois en dépit du fait que l'Estonien dispose d'un contrat pour 2023 avec la marque sud-coréenne.

Dans son annonce formulée dimanche soir, Tänak a été clair sur le fait que son départ de chez Hyundai était une décision personnelle. Il faut dire que cette séparation n'a pas été une réelle surprise compte tenu du mécontentement du pilote âgé de 35 ans, visible en plusieurs occasions cette saison. On peut même dire que ses frustrations remontent à 2021 après que plusieurs problèmes de fiabilité aient compromis ses chances de titre cette année-là.

Par ailleurs, l'engagement tardif de Hyundai sur la réglementation 2022 introduisant la technologie hybride a débouché sur un retard considérable dans le développement de la i20 N. Sans parler du départ durant l'hiver de l'ancien patron de l'équipe, Andrea Adamo, celui-là même qui avait débauché Tänak en 2020. Une absence qui a mené à un manque de leadership au cours d'une période pourtant critique, alors que Hyundai n'a toujours pas à ce jour annoncé formellement l'identité de son successeur (Julien Moncet assurant l'intérim depuis maintenant plus de dix mois).

Par conséquent, la i20 N qui s'est présentée au Monte-Carlo en janvier était loin d'être un produit fini. La voiture a manqué de fiabilité et a eu des difficultés pour soutenir le rythme de la Toyota GR Yaris et même de la Ford Puma. Mais il faut rendre à César ce qui appartient à César, et reconnaître que l'équipe Alzenau est parvenue au fil des rallyes à faire de la i20 N un bolide capable de jouer la victoire. Ce fut d'ailleurs le cas avec les succès de Tänak en Sardaigne, en Finlande ainsi qu'en Belgique. Cependant, une série de problèmes de fiabilité ont perduré et n'ont cessé d'exaspérer Tänak.

Ce dernier n'a d'ailleurs pas manqué de critiquer l'équipement qui était à sa disposition, mais aussi le management de l'équipe, assénant après sa victoire au Rallye d'Ypres en août que Julien Moncet ne devrait pas devenir à terme le patron de l'équipe.

"Il est très bon dans ce qui a trait au moteur, il a toujours été un motoriste et il est clair que Hyundai dispose d'un bon moteur, donc c'est ce à quoi il devrait se cantonner selon moi", avait ainsi déclaré le pilote balte au sujet de l'intérim de Moncet. "Pour le reste, c'est au management de voir comment on peut continuer. Le potentiel de la voiture est important, ils ont fait un gros travail en la dessinant mais à présent il faut un autre gros effort pour faire en sorte que tout fonctionne bien ensemble. Cela demande un effort de la part de l'équipe, tous ensemble, et c'est sur cela que nous travaillons."

Les premières rumeurs d'un départ de Tänak de chez Hyundai remontent au début du mois d'août, juste avant le Rallye de Finlande.

Les premières rumeurs d'un départ de Tänak de chez Hyundai remontent au début du mois d'août, juste avant le Rallye de Finlande.

C'est par ailleurs toujours en Belgique que Moncet a évoqué la possibilité pour Tänak de quitter l'équipe, expliquant : "Je ne fais pas les contrats. Mais ce que je peux dire c'est que si un pilote dispose d'un contrat, il peut partir, tout comme en football."

Les rumeurs concernant un départ de Tänak de chez Hyundai ont commencé à circuler avant même la tenue du Rallye de Finlande, mais c'est au Rallye de l'Acropole, en septembre, qu'il a été clair qu'il s'agissait d'une possibilité à prendre au sérieux. En Grèce, la décision de Hyundai de ne pas donner de consignes d'équipe et de figer le podium final, pénalisant ainsi son pilote le mieux placé au championnat dans le cadre de la course au titre pilotes face à Kalle Rovanperä, a été très mal reçu par Tänak.

Un triplé Hyundai historique mais amer pour Tänak

"Si vous êtes là pour vous battre pour le championnat [pilotes], alors c'était une mauvaise décision, mais si vous voulez pouvoir publier un joli communiqué de presse, alors dans ce cas c'en était une bonne", lança ironiquement Tänak. "Tout dépend de la perspective où on se trouve. La mienne est que je veux me battre pour le championnat, mais c'est dommage que ce ne puisse pas être le cas au travers d'une bagarre à la loyale."

Dans la foulée de cette déclaration, Tänak avait par ailleurs lancé un énigmatique "nous verrons l'an prochain" quant à savoir s'il comptait rester chez Hyundai en 2023. Quelques semaines plus tard, force est de constater que l'Estonien a tranché et que sa réponse se veut négative.

En dépit des hauts et des bas qui ont pu jalonner leur relation, Thierry Neuville a de son côté toujours indiqué qu'il souhaitait voir Tänak demeurer au sein de l'équipe l'an prochain. Le Belge a d'ailleurs réaffirmé cette position en conférence de presse lors du Rallye de Catalogne.

"Ce que je veux c'est avoir Ott comme coéquipier, car c'est le coéquipier le plus fort que je n'ai jamais eu", avait-il ainsi déclaré en Espagne. "Cela me rajoute un défi supplémentaire, et cela me motive également."

Tänak quittera Hyundai à l'issue de la présente saison.

Tänak quittera Hyundai à l'issue de la présente saison.

Quel futur pour Tänak ?

L'annonce du départ de Tänak de chez Hyundai ne fournit pas de réels renseignements quant à son avenir dans la discipline. Là encore, l'Estonien s'en est tenu à un propos évasif à ce sujet, se contentant de déclarer qu'il "était à une étape de sa carrière où il a besoin de se lancer dans un nouveau défi".

La compétitivité du Champion du monde 2019 ne souffre d'aucun doute. Il fait toujours partie des meilleurs pilotes du championnat, et sa valeur sur le marché n'a fait que croître en 2022 au cours d'une saison où il a déployé des efforts herculéens pour amener l'i20 N sur la plus haute marche du podium à trois reprises. Son triomphe en Finlande début août représente sans doute d'ailleurs l'un de ses plus beaux succès en rallyes jusqu'ici, lorsqu'il a réussi à battre Rovanperä à la régulière et qui plus est sur ses terres.

Mais dès lors, quelles sont les options qui s'offrent à Tänak pour demeurer en WRC ? Celles-ci sont limitées à Toyota et M-Sport, et certaines rumeurs ont ainsi déjà fait état de discussions avec la structure anglaise, qui l'avait lancé dans la catégorie en 2011. Mais pour ce faire, il faudrait que celle-ci parvienne à réunir les financements nécessaires pour attirer Tänak. Une pierre d'achoppement qu'avait déjà mis en avant Richard Millener en marge du Rallye de Nouvelle-Zélande.

"Bien sûr nous parlons à tout le monde", avait alors indiqué Millener à Motorsport.com. "Ott est une personne incroyable, mais son succès s'accompagne d'un coût financier que nous ne sommes pas sûrs de pouvoir soutenir. Je pense que ce serait quelque chose d'assez difficile pour nous. Il n'y a sans doute pas grand-chose à dire au sujet des rumeurs. Ce serait une bonne chose de l'avoir de nouveau dans l'équipe, mais pour le moment je dois dire que les bruits de couloir ne sont pas représentatifs de la réalité."

Toyota, avec qui Tänak a été titré en 2019, serait dès lors l'autre possibilité qui s'offre à l'Estonien. Cela ne serait pas sans créer l'une des équipes les plus performantes en WRC, mais le fait est que le patron de l'équipe nippone, Jari-Matti Latvala, a eu l'occasion de déclarer à plusieurs reprises qu'il comptait maintenir le même line-up pour l'an prochain, à savoir Rovanperä bien sûr, Elfyn Evans et Takamoto Katsuta, sans compte une troisième voiture d'usine partagée par Sébastien Ogier et Esapekka Lappi.

Sur le papier, Tänak pourrait bien revenir chez Toyota, avec qui il a remporté le titre en 2019.

Sur le papier, Tänak pourrait bien revenir chez Toyota, avec qui il a remporté le titre en 2019.

Certes, Toyota n'a pas encore annoncé officiellement la composition de son line-up pour 2023, et Latvala a même admis que plusieurs pilotes l'avaient contacté au sujet d'un éventuel volant pour l'an prochain. Le Finlandais en a d'ailleurs profité pour réaffirmer que c'était bien la maison-mère de Toyota, au Japon, qui avait le dernier mot en matière d'officialisation. Reste que l'annonce en question devrait justement se faire au pays du soleil levant, à l'occasion du Rallye du Japon le mois prochain.

"Nous n'avons pas encore confirmé notre line-up pour l'an prochain, mais j'ai envie de dire qu'au vu de tous ces championnats remportés, pourquoi changer ?", a ainsi lancé l'ancien pilote WRC dans la foulée du sacre de son équipe en Catalogne. Quant au cas Tänak, celui-ci a indiqué que la question devait "être discutée avec attention afin d'évaluer les bénéfices à tirer [d'un tel recrutement]".

"J'ai déjà eu l'occasion de dire qu'Ott était un pilote rapide, sinon l'un des plus rapides. Je pense que lui et Kalle sont les plus rapides du championnat, mais est-ce que [son éventuel transfert chez Toyota] est pour autant une bonne chose pour l'équipe et pour le championnat ? Ce sont des choses dont nous devons discuter. Je pense que l'un des aspects positifs chez Toyota est que nous avons une bonne communication, et je pense que nous pouvons discuter et parvenir à une décision qui satisfasse tout le monde."

Mais outre Hyundai et Toyota, il existe une tierce possibilité pour Tänak : celle d'une année sabbatique. L'intéressé l'a lui-même reconnu avant le Rallye de Nouvelle-Zélande, admettant qu'il pourrait tirer un trait sur 2023 pour des raisons personnelles et relatives à sa famille. L'Estonien pourrait également continuer à courir ailleurs grâce à ses propres connexions dans le monde du rallye.

Quels effets sur le marché des transferts ?

Le départ de Tänak signifie que Hyundai dispose de deux volants vacants pour l'an prochain, l'équipe sud-coréenne n'ayant pas renouvelé le contrat d'Oliver Solberg, qui partageait le volant de la troisième i20 N avec Dani Sordo cette saison.

Hyundai a expliqué qu'il souhaitait changer son fusil d'épaule pour 2023, et miser sur des pilotes expérimentés pour lutter plus efficacement face à ses adversaires. Un changement de politique qui a jeté un coup de froid sur le WRC. La réserve de pilotes expérimentés n'est en effet pas sans limite, quand bien même l'opportunité est donnée à de jeunes pilotes de se faire la main.

Hyundai dispose dorénavant de deux volants à céder, le contrat de Solberg n'ayant pas été reconduit pour 2023.

Hyundai dispose dorénavant de deux volants à céder, le contrat de Solberg n'ayant pas été reconduit pour 2023.

L'option la plus probable est que Hyundai fasse appel à l'un de ses anciens pilotes, Champion en titre du WRC2 et de l'ERC en 2021, Andreas Mikkelsen. Le Norvégien s'est déjà imposé en WRC avec Volkswagen, et il ne fait aucun doute que ses états de service cochent de nombreuses cases dans les prérequis fixés par le constructeur asiatique.

Par ailleurs, Sordo pourrait également se voir offrir l'opportunité de disputer jusqu'à huit rallyes l'an prochain, toujours dans le cadre d'un programme partiel en partageant le volant de la troisième voiture. Moncet a aussi indiqué à Motorsport.com que Kris Meeke était sur la short-list de Hyundai. Le Nord-Irlandais est pressenti pour faire son retour en WRC au travers là-aussi d'un programme partiel, mais n'a plus participé au moindre rallye en WRC depuis 2019. Vainqueur de cinq épreuves dans la catégorie par le passé, le Britannique a endossé le rôle de pilote essayeur au profit de Skoda Motorsport cette année, et n'est par conséquent pas en manque de roulage.

Autre ancien pilote Hyundai, Hayden Paddon pourrait également faire la maille, alors que Teemu Suninen, qui évolue actuellement en WRC2 pour le compte de la marque sud-coréenne, pourrait aussi constituer un profil intéressant. Le Finlandais dispose en effet d'une expérience en WRC et avait remplacé Tänak au pied levé l'an dernier lors du Rallye de Monza.

Plus surprenant, Neuville a pour sa part expliqué qu'il aimerait voir Evans rejoindre l'équipe. Cela impliquerait certains changements chez Toyota, mais pourrait se concevoir si Tänak finissait bel et bien par rejoindre l'équipe japonaise. Pour l'heure, Evans s'est cantonné à éluder le sujet lors du Rallye de Catalogne.

Hyundai pourrait bien avoir recours aux services de l'un de ses anciens pilotes, et notamment d'Andreas Mikkelsen.

Hyundai pourrait bien avoir recours aux services de l'un de ses anciens pilotes, et notamment d'Andreas Mikkelsen.

De son côté M-Sport, qui doit également encore annoncer ses pilotes pour l'an prochain, détient Craig Breen encore sous contrat pour un an, mais l'équipe anglaise ne serait pas contre recruter un pilote expérimenté pour venir au soutien de l'Irlandais, qui a grandement piétiné cette saison. Il ne faut par ailleurs pas occulter la participation de Sébastien Loeb à un nouveau programme partiel l'an prochain.

Des pourparlers ont en outre été entamés avec Solberg au sujet d'une éventuelle arrivée au sein de l'équipe. Une possibilité qui ne serait pas détonante sachant la capacité de M-Sport à servir d'incubateur aux jeunes talents. Mais avec Gus Greensmith, Pierre-Louis Loubet et Adrien Fourmaux dans ses rangs, la trêve hivernale pourrait bien s'annoncer chargée pour la structure anglaise si cette dernière prenait finalement la décision de remanier son line-up.

L'avenir de Tänak est incertain depuis quelques mois désormais.

L'avenir de Tänak est incertain depuis quelques mois désormais.

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