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Carlos Reutemann, parfois intouchable, souvent énigmatique

Décédé mercredi à l'âge de 79 ans, Carlos Reutemann a porté les couleurs de Brabham, Ferrari, Lotus et Williams en Formule 1, remportant 12 Grands Prix. Bien que tout proche, il n'a jamais conquis le titre mondial.

Carlos Reutemann, Ferrari 312T3

Carlos Reutemann, Ferrari 312T3

LAT Images

Rétro : Dans l'Histoire des sports méca

Sur deux ou quatre roues, replongez-vous dans l'Histoire des sports mécaniques, celle qui a écrit la légende des hommes et des machines durant des décennies.

En 1974, Carlos Reutemann remporta son premier Grand Prix, à Kyalami en Afrique du Sud. C'était une victoire significative car Brabham n'avait plus gagné depuis 1970, mais aussi parce qu'il s'agissait du premier succès pour une voiture conçue par Gordon Murray, qui plus est dans le pays natal de celui-ci. 

Le fait que Reutemann s'impose si tôt lors de sa troisième saison au plus haut niveau n'interpella personne en F1. La plupart de ses adversaires s'y attendaient depuis que le nouveau propriétaire de Brabham, un certain Bernie Ecclestone, l'avait enrôlé en 1972 avec à la clé une pole position dès son premier Grand Prix. 

Certes, la suite de cette première saison en F1 pour le rookie avait été rendue difficile par la médiocre Brabham BT37, mais l'année 1973 laissa entrevoir les prémices du travail de Murray avec la BT42. Alors qu'à l'époque seuls les six premiers à l'arrivée marquaient des points, Reutemann alimenta son compteur personnel lors de six des neuf dernières courses, terminant par deux fois sur le podium. Puis Murray dessina la BT44 pour 1974, et Brabham retrouva son standing avec trois victoires dans l'escarcelle de Reutemann cette année-là. 

Face à la BT44B évoluée pour 1975, il y avait la rapide et fiable Ferrari 312T de Niki Lauda. Reutemann se retrouva avec le problème inverse de l'année précédente : Murray avait réglé les petits défauts de sa monoplace, devenue particulièrement fiable, mais elle commençait à manquer de vitesse et, en course, Reutemann devait maltraiter ses pneus Goodyear pour rester au contact des Ferrari. Avec une victoire sur le Nürburgring et cinq autres podiums, il termina troisième du championnat. Pour la première fois de sa carrière également, il s'était retrouvé face à un coéquipier coriace, Carlos Pace, qui le faisait souffrir en qualifications. La tendance se confirma d'ailleurs en 1976. 

Quand on connaît la suite de la carrière de Reutemann, peut-être que Carlos Pace, décédé dans un accident d'avion en 1977, aurait été l'un des plus grands talents de l'histoire. À moins que, comme certains l'ont pensé, Reutemann ait baissé les bras. L'Argentin était un homme sensible, absolument pas entêté, et il n'est pas improbable que les liens de plus en plus étroits entre Carlos Pace et les dirigeants de Brabham l'aient troublé. 

Pourtant, personne ne remporta la moindre course chez Brabham en 1976, alors qu'Ecclestone avait choisi le flat-12 d'Alfa Romeo plutôt que le V8 Cosworth. Bien que magnifiques avec leurs logos Martini, les monoplaces n'étaient ni rapides ni fiables. Reutemann n'aura pas été épargné, avec neuf abandons en 12 courses cette saison-là. 

De quoi faciliter la tâche d'Enzo Ferrari lorsqu'il approcha l'Argentin afin de remplacer Clay Regazzoni pour 1977. La décision fut prise très tôt, lorsque Lauda se blessa gravement au Nürburgring en 1976, mais alors que Ferrari venait de confirmer Reutemann pour le Grand Prix d'Italie, le Champion du monde en titre annonça un retour à peine croyable, contraignant la Scuderia à aligner trois voitures. Lauda devança son nouveau coéquipier en qualifications comme en course à Monza, rendant superflu l'engagement de trois voitures, et Reutemann se retrouva sur la touche pour les trois dernières épreuves puisqu'il avait quitté Brabham prématurément. 

Lors de la saison 1977, Lauda et Reutemann faisaient plutôt jeu égal en qualifications, mais l'Autrichien décrocha trois victoires et le titre mondial pendant que son nouveau voisin de garage se contenta d'un seul succès et de la quatrième place au championnat, au terme d'une campagne tantôt brillante, tantôt médiocre. 

Lauda, déjà sacré, claqua la porte de Ferrari avant la fin de la saison et la Scuderia réaffirma sa confiance en Reutemann pour en faire son leader avec, à ses côtés, un rookie nommé Gilles Villeneuve. L'Argentin fut à la hauteur en 1978, année dominée par Lotus avec ses huit victoires et le sacre de Mario Andretti. Au volant de la Ferrari 312T3 qui, contrairement à sa rivale, ne pouvait pas compter sur l'effet de sol, il s'imposa à quatre reprises et termina troisième du championnat. 

Sa cote était donc au plus haut lorsqu'il rejoignit Lotus en 1979, mais le timing n'était pas bon : la nouvelle Lotus 80 ne fonctionnait pas bien sur la plupart des circuits. Andretti termina troisième pour la première apparition de cette monoplace mais ne l'utilisa ensuite que deux fois. Reutemann, lui, refusa de courir avec et préféra revenir à la Lotus 79, même si elle n'était plus suffisamment rapide pour jouer la victoire. 

La voiture à battre durant la seconde partie de saison était la Williams FW07, et Reutemann sauta sur l'occasion de rejoindre l'écurie de Frank Williams pour 1980 avec la possibilité de piloter le nouveau modèle B, même si cela passait par un contrat de numéro 2 derrière Alan Jones. L'association ne fut pas si fructueuse pour Reutemann, victorieux à Monaco mais dominé par un Jones vainqueur à cinq reprises et sacré Champion du monde. 

En 1981, Reutemann était prêt à inverser le cours des choses avec la FW07C, se montrant souvent plus rapide que Jones en qualifications (10-5). La situation fit naître des tensions d'autant que Reutemann était toujours relégué au rang de deuxième pilote. Mis sous pression par Jones, il commit une erreur lors du Grand Prix d'ouverture à Long Beach mais au Brésil, il ignora les consignes d'équipe, refusa de laisser passer son coéquipier et s'imposa. Pas vraiment du goût de Williams et de son pilote numéro 1... 

Reutemann s'imposa à nouveau à Zolder, dans une ambiance lourde, car lors des essais libres un mécanicien de l'équipe Osella avait été mortellement touché après s'être trouvé sur le chemin du pilote Williams dans les stands. Profondément touché, Reutemann trouva néanmoins les ressources en piste puis apparu très affecté sur le podium, avant de se rendre en Italie pour rencontrer les parents du jeune mécanicien. 

Après neuf des 15 manches de la saison, Reutemann possédait 17 points d'avance en tête du championnat. Mais il ne termina que deux fois dans les points par la suite, pilotant même comme s'il ne voulait pas du titre lors des trois derniers Grands Prix, en montrant peu de résistance face à ses concurrents directs qu'étaient Nelson Piquet, bientôt sacré, et Jones. 

Quelques jours après le terme de cette saison, Reutemann décida de quitter la Formule 1. Il fit machine arrière un peu plus tard et participa à deux Grands Prix avec Williams en 1982, avec un podium à la clé, avant de partir définitivement. 

Entré ensuite en politique en Argentine, où il devint gouverneur de Santa Fe, il resta une énigme. Était-il trop sensible ? Avait-il besoin d'être davantage choyé pour donner le meilleur de lui-même de manière plus régulière ? Était-il consciemment ou inconsciemment opposé à l'attention qu'un titre mondial aurait pu susciter ? Réfléchissait-il simplement trop ? Comment un homme suffisamment fort mentalement pour surmonter la tragédie de la pitlane à Zolder en 1981 ne pourrait-il pas faire preuve de la même force face à des coéquipiers tels que Lauda ou Jones ?

Personne – peut-être même pas lui-même – n'a jamais eu toutes les réponses. Mais la plupart des gens s'accordent à dire qu'à son meilleur, Reutemann était presque intouchable.

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